Chroniques Estivales – #1 – Humeurs & Choses Simples
« Un express’, s’il vous plaît ! »
En fait, même pas la peine de le demander ! Gilbert, Alexandre, José ou Philippe le posent devant moi, à peine le seuil de l’estaminet franchi, chaque matin.
Je communie quotidiennement à l’arabica, comme le faisait feu un grand patron Auvergnat. Excellent moyen de prendre la température du monde, de jauger l’humeur de ses concitoyens, de débattre de l’actualité avec des mots simples, des réactions crues.
Le « Brazza », le « Havane », le « Balto », le « Café des Sports » : des comptoirs en zinc presque à chaque coin de rue. A Paris et dans tous les recoins de France ; ou presque. Vive la République des accoudés !
C’est une jolie religion que de permettre à des gens qui, à priori, n’ont rien à faire ensemble, de s’accouder dans la brume pas tout à fait dissipée de leur réveil et de se brûler les lèvres au contact du breuvage sombre ou de siroter un petit blanc sec, un pt’i cognac. Oui : on a encore le droit d’être un peu ivrogne en 2018 et de faire prospérer l’économie viticole hexagonale.
Exit les capsules en alu et les machines à 1€; il y a mieux à faire pour secouer sa journée, pour observer le ballet des badauds, des piliers de comptoirs : une séance de culture générale humaine, de l’ouvrier déjà fatigué à l’homme d’affaires pressé.
Et je repars comme je suis venue, en simili-incognito, avec un bref « bonne journée » qui fait juste lever le nez de leur breuvage à la cordée d’habitués.