Un billet, court, chaque jour.
Ce soir, je vais lâcher l’actualité. Elle bouffe tout.
Par exemple, j’allais croquer ce matin dans une brioche parisienne, autrement appelée brioche à tête.
« À tête » : ouh ! Là, là !
Au moment de croquer la tête, je me suis rappelée le sort de la pauvre Reine Marie-Antoinette et la « fake-new » d’une phrase malheureuse qu’elle n’a en fait historiquement jamais même pu prononcer.
Créée en Normandie au XVIème siècle, la brioche de la « fake-new » servit dès lors, cent ans plus tard, sans que le mitron qui la pétrissait eût pu même l’imaginer, de ferment à une folie révolutionnaire qui conduisit une jeune reine, déjà condamnée par un cancer, sur l’échafaud.
C’est pourtant une merveille, un délice. Une mie charnelle faite de pur beurre. Une tentation coupable à laquelle je cède au moins une fois par semaine.
Bref, l’hésitation passée, cette « madeleine de Proust » m’a quand même permis de prendre le dessus et de retourner à la poésie.
La poésie des mots, de certains livres ; de contes en l’occurrence.
Et de vous partager ces jolies lignes :
« Ce qui importe, c’est qu’avec le monde on fasse des pays et des langues, avec le chaos du sens, avec les prés des champs de batailles, avec nos actes des légendes et cette forme sophistiquée de la légende qu’est l’histoire, avec les noms communs du nom propre.
Que les choses de l’été, l’amour, la foi et l’ardeur, gèlent pour finir dans l’hiver impeccable des livres. Et que pourtant dans cette glace un peu de vie reste prise, fraîche, garante de notre existence et de notre liberté.
Ce peu de vérité mortelle qui brûle dans le cœur froid de l’écrit, la beauté chétive de l’une et la splendeur impassible de l’autre, voilà ce que je me suis efforcé de dire ici. »