Un billet, court, chaque jour.
« Range ta chambre »
Stupeur et tremblements pour certains de mes fidèles lecteurs (vous pouvez liker de temps à autres, ça me fera plaisir) à la lecture de cette injonction, réminiscence de troubles à la quiétude enfantine et au laisser-aller adolescent, vécus et revécus jusqu’à l’installation chez soi. Puis, jusqu’au mariage où alors tout recommence.
Si l’on verse dans la métaphore, il est possible de transposer ce traumatisme de la version micro – familiale – à la version macro – nationale.
Imaginons que nous arrêtions de nous perdre en slogans du type: « Manu, on arrive! » et que soudain, nous tancions le grand Padré du pouvoir par : « Manu, range ta France! ».
« Manu, range ta France ? »
Quel serait alors l’enjeu ?
L’enjeu serait alors de prendre la mesure du foutoir à tous les étages de la République.
Un amoncellement de trucs, de bidules, de machins et de choses. Des amas de lois, de règlements, de comités Théodule. Des entassements de préfets honoraires, de sous-secrétaires, de commissions de ceci et de commissions de cela. Des strates de subventions, de cotisations. Des enchevêtrements de circonscriptions. Des répétitions de responsabilités déresponsabilisantes.
Oh tiens cette subvention ! Mais, elle est inutile dans cette boîte vide qui ne sert à personne ! Jetons la boîte et reversons la subvention dans notre tirelire nationale.
Oh, tiens j’avais ça déjà, en trois exemplaires. Tiens, je ne vais garder que celui qui m’est le plus utile.
Ranger, trier, ordonner s’appelle aussi le « syndrome de Blanche-Neige ».
Faire de la place et ainsi libérer de l’espace. Et des euros.
Des Euros ?
Tiens, j’ai retrouvé des euros laissés en léthargie dans la poche de cette commission-là !
Des dizaines d’experts, de coachs, de psychologues émérites se sont penchés sur les vertus et les effets bénéfiques de l’ordre. Parmi ces sommités, Marie Kondo, que je cite: « le rangement constituerait une forme de catharsis permettant de donner un nouveau souffle à son existence. »
Un nouveau souffle à l’existence !
Ben voilà !
Le débat est clos.
Avant de commencer quoi que ce soit de neuf, retrousse tes manches et : « Range ta France ! »
On ne sait jamais, sous les strates accumulées depuis des décennies, on retrouvera peut-être une France propre, nette, jeune, belle, dynamique, pleine de trésors oubliés et de talents négligés ?