Un billet, court, chaque jour.
Chère Simone,
Votre départ date déjà de juin 2017. Que vous nous manquez, même si vous n’êtes pas loin ; en principe désormais à l’abri, sous la protection de la Nation, au Panthéon.
C’est donc là que j’ai choisi de vous adresser ces quelques mots.
Ou plutôt de ces quelques maux que l’on espérait pouvoir reléguer dans les tréfonds de l’Histoire, ces maux qui rappellent en filigrane une tragique nuit des années 30.
Ce mal souterrain et lampant que l’on appelle l’antisémitisme.
J’aurais aimé vous dire que depuis votre départ, les choses se sont améliorées. Hélas, non ! Ces jours-ci, de vitrines de restaurant en boîtes aux lettres et pare-brise de voitures, il semble qu’à coup de tags, de croix maléfiques et d’étoiles de David, cette bête immonde ressurgisse.
Pourtant, vous-même, comme tant d’autres rescapés de la Shoah, vous êtes efforcée, de salles de classe en conférences, de témoigner de cette horreur. Et du cheminement qui a conduit des Droits de l’Homme au Vel’ d’Hiv’.
Est-ce que les gens n’apprennent jamais ? Il faut le croire. Il faut croire aussi, sans doute, que les lieux où l’on est sensé apprendre l’altérité : la famille, l’école – ne jouent pas leur rôle.
Peut-être que si les cours de culture religieuse étaient obligatoires, tout un chacun s’apercevrait qu’il n’y a ainsi pas une vérité, mais des vérités spirituelles ?
Ou peut-être, comme disait mon cher Père, qu’avant de désigner aveuglément l’autre comme coupable d’une situation, il faut d’abord balayer devant sa porte. Ou simplement : qu’est-ce que nous n’avons pas fait nous-même, qu’est-ce que nous ne faisons pas nous-mêmes qui nous permettrait d’améliorer notre sort sans désigner un bouc-émissaire.
Chère Simone, désolée de troubler ainsi votre repos.
Mais les signes indignes qui ont défiguré votre image, vous qui avez toujours porté témoignage de vos souffrances avec tant de dignité, doivent faire l’objet d’une dénonciation sur tous les fronts, sur tous les tons, sous toutes les formes et par tous les moyens.
J’espère qu’à la prochaine carte, je n’aurai que de bonnes nouvelles.
Les gens n’ont aucune imagination. Ils tapent toujours sur les mêmes… C’est navrant. Je ne suis même pas convaincue que les mots soient encore assez puissants pour combattre la connerie humaine. Je désespère…
Bisous ma belle
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