365 Nuances de 2019 – #67 – « La Pâque des gens simples »

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@Guillemette Callies – 2019

Un billet, court, chaque jour.

Pas de grand’messe.  D’ailleurs peu d’églises sont ouvertes.

Quelques fêtes, des animations de villages.  Un manège itinérant.  Des concours – locaux – de pâtés de Pâques, pâtés Berrichon à la croûte dorée et à la farce goûteuse, onctueuse.

Marcher d’un bon pas.

Quelques sections du chemin de Compostelle.  Le long des champs, à travers les villages, les hameaux.  Dans les sous-bois, au cœur des haies qui protègent les cultures et les troupeaux.  Le long des rivières ; parfois aux falaises abruptes, souvent aux berges douces.

Croiser Michel.

Il a dû être très beau jeune.  Il est encore très beau vieux.

Il faisait les cent pas dans toute la largeur de son jardinet surplombant le fleuve ; attendant sans doute des promeneurs dont la tête lui reviendrait.

Ce fut nous.

Dans son hameau de sept ou huit maisons le long de la Creuse, il n’y avait l’air d’avoir qu’une seule autre maison occupée.

Converser comme des connaissances.

Il nous fait entrer dans sa maison.  Une pièce en haut, une pièce en bas.  Pas de méfiance.  Il a tout construit de ses mains.  Avant c’était une étable.  Des années de travail.  Tout seul.  Avec les moyens de ses moyens.  Un désordre de célibataire.  Pas de bonne femme pour le tancer.

Il est tout seul.  Vaillant mais vieillissant.  Il avait envie de parler.  Alors on a parlé.  De lui.  C’était important de rester et de lui offrir notre temps ; pas perdu du coup.

Soigner sa maison, arranger son jardin.  La semaine dernière, sa glycine a presque entièrement gelée.  Ça va donner un peu de travail.

Là, il s’est abimé le dos.  Il ne peut plus trop bricoler. Ça le désole, il y en a des choses à fignoler.

Il va à Paris.  Avec un cousin.  C’était pour un spectacle de « Michel… » ; je ne sais plus.  Le climat change.  Michel le voit bien.  Plein de preuves.

De sa fenêtre, avec ses puissantes jumelles, il voit toute la vie du fleuve.  La Brenne n’est pas loin.

Ce dimanche important, de fête !  Rien.  Enfin, rien de prévu pour lui.

Juste un dimanche de retraité méticuleux et économe.  Pas de famille.  Pas de fête de village.

Mais, alentours, les arbres ont encore beaucoup de travail.  Le printemps n’a pas encore convaincu tous les arbres.  Chaque branche porte encore des dizaines de bourgeons prometteurs.

Pâque : chasser les brumes, retrouver la lumière.

Rien d’extraordinaire ici.

Juste la Pâque des gens simples des campagnes très silencieuses.

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