Un billet, court, chaque jour.
La Grande Faucheuse ne chôme pas ces derniers temps
. Elle nous reprend tous nos talents.
Elle a repris Anémone.
Ce qui a fleuri, à sa mémoire, ce sont les clichés et les extraits du film « Le Père Noël est une ordure ». Anémone y excelle dans le rôle de Thérèse.
Elle a « désespéré » souvent avant de connaître ce succès-là.
Et puis le succès est venu. Elle y a goûté avec joie, en a vécu la meilleure essence pour cependant en refuser obstinément les récompenses et le vedettariat.
Anémone fut plus que Thérèse.
Elle a refusé les intrigues qui pavent souvent le chemin d’une belle carrière. A coups de gueule, avec le culot des timides, elle a tracé une route, la sienne, faite d’indépendance et d’irrévérence.
Je cite une de ses jolies remarques prononcées en 1987 au cours de la plus belle émission qui lui ai jamais été consacrée, « Spécial Cinéma » de Christian Defaye : « J’aime les gens qui accomplissent des petites choses contre vents et marées. Parce que c’est seulement dans les petites choses qu’on met beaucoup d’amour. »
Anémone aurait voulu jouer le rôle d’Athalie dans la pièce éponyme de Jean Racine. Elle y aurait joué une reine cruelle et calculatrice. Cela ne laisse pas de contredire l’image comique que le public aura retenu d’elle.
Elle imposera une autre image, sensible et émouvante, avec le rôle de Marcelle dans « Le Grand Chemin ».
Anémone n’avait pas la gueule de tous les emplois. Elle s’en est cependant forgé une : celle de la beauté que donne une certaine classe et un charme fou. Un charme facétieux fait de naturel et d’un sacré tempérament.
Et pour adieu, le cadeau d’Athalie dont elle avait rêvé, une citation, sortie du contexte de conspiration qu’elle n’appréciait guère :
« Elle flotte, elle hésite, en un mot elle est femme ».
Guillemette Callies 