Un billet, court, chaque jour.
Une fois la séance terminée, c’est comme si un programme neuf s’était installé là-haut, dans la tour de contrôle, le cerveau !
Quand on est empêché de courir pour six semaines – la carcasse a des raisons que la raison ne peut ignorer -, il faut se résoudre à aller investir son énergie dans d’autres industries.
Pas de course donc, mais nage et cyclisme.
Le système vertueux reste cependant le même. Quand le corps va bien, l’esprit va bien. Quand l’esprit est en carafe, le corps, sollicité physiquement, lui redonne sa superbe.
Pour la course, pour le cyclisme, pour la natation, tout sport d’endurance en général, il y a ces quelques premières secondes, parfois minutes, d’inertie dont la « machine » a besoin pour lancer le carburateur.
La volonté et les muscles se signalent l’une aux autres, le carburant de la première active les seconds, ceux-ci envoient une belle combustion ; et tout devient fluide.
La tête veille aux gestes, à la recherche d’une forme de perfection technique, à la régularité, à l’intensité.
Cette concentration à faire bien n’exclut pas du monde. Une fois que la mécanique est en train, que le rythme est pris, en plus des octets dédiés à l’arithmétique de l’effort, il reste encore un large espace disponible dans le cerveau pour l’observation et la réflexion.
L’eau glisse. L’œil à fleur d’eau, dans une respiration de crawl, embrase l’image de l’homme, au bord du bassin, en train de faire des étirements. Il est encore là une longueur après, encore cinq longueurs après. Il est méticuleux. Réflexion réflexive : est-ce que toi-même tu es aussi consciencieuse après l’effort ?
Le pied tendu sur la pédale, l’œil est tendu pour capter tous les détails, anticiper, calculer. Le décor fond sur soi à vive allure et l’air vous happe sur toute la surface de la peau. L’obstacle arrive vite : des mains aux pieds, tous les gestes se braquent pour le franchir.
Le corps offre ses endorphines. Et l’esprit s’offre tous ces détails positifs et fructueux.
L’engagement est total. La ressource est complète.
La force fait le plein de nouvelles forces.
Il avait un avant. Il y a un après. Qui dure.