Un billet, court, chaque jour.
« J’y jette un cil. »
Le bonheur des petites phrases.
Des « morceaux de sucre » qui rendent la vie moins amère dirait Mary Poppins.
Les bons mots, qui dans l’égrenage monotone et convenu des journées, viennent les illuminer comme de minuscules mais éclatantes crevées de soleil.
Quand des journaux à la radio à la télévision, de votre travail à vos quelques politesses avec les uns et les autres, à longueur de temps, vous n’entendez que des phrases abruptes, des slogans, des incantations, des mots d’ordre, des banalités, il est bon que, au beau milieu de ce charivari, une personne, chez qui vous ne pouvez soupçonner ni la moindre légèreté, ni la moindre superficialité, vous accorde cette petite saillie, inopinée, au détour d’un propos très sérieux.
« J’y jette un cil. »
Une clause de confiance. Parce que cette personne sait qu’elle n’aura pas besoin de tout reprendre. Elle n’aura pas besoin d’y jeter un œil complet, un vrai, scrutateur ; un scanner qui remettra en cause tout votre travail. Elle sait seulement que vos mots à vous peuvent, parfois, s’enflammer. Alors vous êtes rassuré.
« J’y jette un cil. »
Un signe de connivence. Parce que la personne en question, une femme remarquable et pétillante d’intelligence, vous assure, qu’en ces temps difficiles que vous traversez, elle sera là, présente, à vos côtés. Pour vous aider.
« J’y jette un cil. »
Un trait d’humour. Cette femme comprend les tensions, la pression, qu’en certains endroits, chacun peut vivre et subir. Avec ces quelques petits mots, prononcés avec juste ce qu’il faut de malice et d’acidité, elle crève la bulle qui enserre l’esprit. Elle vous offre un éclat de rire.
Il y a tant de puissance dans les mots.
Un mot peut beaucoup. Un mot peut tout.
Le mal.
Et ici, comme souvent, le bien. Le très bien.