365 Nuances de 2019 – #93 – « Voilà les Françaises ! »

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Mai 2019 – Photographie @ Guillemette Callies

Un billet, court, chaque jour.

Comment sourire d’un sujet aussi trivial que celui de la consommation alimentaire ?

A l’heure des combats locavores, bios, végétariens, vegans et autres saccages de boucheries, il faut bien se frayer un chemin de plaisir dans les dédales de la déraison.

« Eh bien, ma brave dame » : il faut réapprendre à se contenter des saisons.  Faire avec ce qu’il y a.

Lorsque j’ai commencé à travailler, c’était dans la grande distribution, dans les années … (il y a longtemps).  Les supermarchés, les « hyper », étaient alors les temples, le nec-plus-ultra de la consommation intelligente.  Beaucoup et pas cher.

Aujourd’hui, je les évite autant qu’il est possible.
Je scrute les provenances, les ingrédients.
Je me méfie de l’alléchant en regardant attentivement les prix au litre, au kilo, fuyant les promotions, les lots et autres subterfuges pour faire déborder placards et réfrigérateurs.
Je ne fais jamais mes courses à jeun, pour ne pas me laisser tenter par un estomac criard.
Je sillonne les rayons dans le sens inverse de l’itinéraire proposé pour casser les tentations et les têtes de gondoles.
J’achète à la coupe et au détail pour réduire les emballages en plastique.

« Chasseur-cueilleur » des temps modernes je suis devenue.  Les trois marchés hebdomadaires ayant été, étant et évoluant comme le meilleur terrains de chasse.

Et donc, je l’attendais, qu’elle se la ramène, la fraise.  Parée de toutes les qualités attendues par la consommatrice, presque vertueuse, que je travaille à devenir.

Il y a quinze jours, j’ai eu une rechute de consommatrice effrénée et j’ai acheté des « espagnoles ».  Il y en avait plein les étals et les rayons.  Tentant, craquant, j’ai été tentée et j’ai craqué.  Bien mal m’en a pris : elles étaient mauvaises (adjectif utilisé pour rester polie).

Voilà, quand on veut devenir une consommatrice-modèle, la patience devient une vertu cardinale. S’alimenter se conjugue sur le mode d’une certaine frugalité.
Et avec quand même un peu d’huile de coude aux fourneaux.

Et donc ce matin, bingo : « Voilà les Françaises ! »
Parées de toutes les vertus : pas calibrées, difformes, fraîches, goûteuses, cueillies de la veille à quelques kilomètres de là, proposées à la vente par les producteurs eux-mêmes.

Patience et frugalité récompensées ?

À un certain prix quand même.
Quel prix ?
Celui du travail des gens.

Moins peut plus.

 

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