Un billet, court, chaque jour.
Il a fallu choisir entre deux formats hier soir : le candidat en direct ou dans le texte.
J’ai choisi le texte.
Peut-être parce qu’un débat à onze, sous la houlette un peu biaisée des animateurs et déjà vu en avril lors de la première séquence, donne un aperçu réducteur du contenu des programmes et surtout : de la personnalité des candidats.
Sans doute parce qu’un candidat qui prend la peine de poser sa réflexion sur le papier mérite ce choix.
L’essai de François-Xavier Bellamy : « Demeure », mérite ce choix, comme le propose le sous-titre : « Pour échapper à l’ère du mouvement perpétuel ».
Familière des lectures de personnalités politiques, l’essai de François-Xavier Bellamy remplit sa promesse de suspendre le temps et de le consacrer à la réflexion.
Une réflexion qui conduit à s’interroger sur le sens des grands mouvements de notre siècle, inscrite dans celui des philosophies du temps et du progrès.
François-Xavier Bellamy place le lecteur face aux choix qui lui sont offerts par les évolutions économiques, scientifiques et techniques : souhaitez-vous être un curseur manipulable ou un être humain ancré, acteur de son existence, conscient d’être un maillon du bien commun, habité par des valeurs humanistes profondes.
« Demeure » nous invite à interroger le mouvement perpétuel de progrès pour le progrès dans lequel nous sommes plongés, dont nous n’avons plus la maîtrise et qui fait de nous des êtres de nulle part ; ballotés.
« La passion du changement perpétuel oublie en réalité la valeur des biens dont notre vie quotidienne est faite : être en vie, au milieu d’un monde favorable à la vie, au milieu d’une société paisible où tout autre vivant n’est pas un danger, et peut-être même un appui ; pouvoir poursuivre librement ses projets, aller et venir, apprendre, penser, parler ; créer des liens avec les autres et échapper ainsi à la solitude. »
« (…) Mais vivre de ses projets, se projeter sans cesse, ce n’est plus considérer le présent. À force de penser le bonheur pour demain, nous ne savons pas le découvrir aujourd’hui, où il est pourtant peut-être. Le lointain devient notre milieu familier, le prochain nous devient étranger. »
Il n’y a pas un mot, une ligne, un paragraphe superflu et superficiel.
C’est réconfortant de pouvoir enrichir un homme politique d’un philosophe, un programme d’une réflexion sur le sens ultime de l’action publique.
Savoir où l’on se trouve pour bien penser où l’on va.