Un billet, court, chaque jour.
Réflexion sur un article édifiant publié au journal « Le Monde », daté du 10 avril 2019 et signé par Morgane Tual et Martin Untersinger.
« Meurtres, pornographie, racisme… Dans la peau d’un modérateur de Facebook«
D’une belle idée, un « facebook », un album de promo pour étudiant, est né un cloaque. Si la majorité des internautes utilisent Facebook à des fins conviviales, il en est allé comme de tout système, à une utilisation criminogène.
L’article partage une série de témoignages de « modérateurs » de Facebook, ceux dont le métier est de passer au crible toute l’ignominie qui gangrène le site.
La voir, la scruter et l’éliminer autant que possible ; à défaut de pouvoir, impuissants, l’éradiquer.
Ces « modérateurs » visualisent à longueur de jour la somme des abjections humaines, celles qui poussent les odieux à filmer leurs propres crimes : « Mon pire souvenir, c’est une vidéo dans laquelle on voit une femme gisant sur le sol, qui a l’air de souffrir, elle a des spasmes, elle vient sans doute de se faire torturer. Quatre hommes autour commencent à lui asséner des coups de machette sur la jambe. Elle hurle, ils lui coupent la tête, et la montrent à la caméra. »
J’ai visionné, un jour, au hasard des pages Facebook, une vidéo de ce type, un lynchage de Chrétiens au Nigéria. Il m’a fallu plusieurs semaines pour évacuer les images.
L’ampleur du phénomène est telle !
Les dérives sont si ancrées, si habituelles que s’y attaquer s’apparente à un travail de Titan. Et là, on ne parle que des vidéos. Pas des photos, ni des commentaires.
Il paraît que ces modérateurs sont accompagnés psychologiquement et bénéficient de 45′ hebdomadaires de séance de bien-être.
Pas un ne semble tenir plus de quelques mois à ce poste.