Un billet, court, chaque jour.
Converser est d’une autre nature que parler. Converser est une causerie. Il y entre une once de modestie, une once de douceur, une once d’intimité, une once de connivence ; quatre quarts d’une mutualité.
Au détour de nos moments agités, il est agréable de se poser au hasard des lieux.
Peut-être un jardin ; deux petites chaises bien posées au centre d’un théâtre naturel et animé.
Accrocher ses idées à celles de l’autres, y cheminer comme on traverse un gué : poser un pied léger et rapide sur les appuis bancals et piégeux mais s’arrêter sur les bonnes pierres, y prendre un équilibre pour poursuivre la traversée.
Jean de la Bruyère consacre un long chapitre à la conversation dans « Les Caractères ». Il y recense les travers, les déviances et nous invite à éviter les trop grandes sociétés, celles où la parole, excessive, dispendieuse, ruine l’esprit, navre l’estime de soi et abime la réputation.
« Le Sage quelquefois évite le monde, de peur d’être ennuyé. »
En négatif de son propos, est suggéré d’en revenir à l’intime, au sotto voce, à la réflexion longue et posée.
Autrement encore : à l’économie de parole, à l’écoute mutuelle.
« Le plaisir le plus délicat est de faire celui d’autrui. »
Dans cet acabit, il y a sans doute l’oreille généreuse, l’esprit, attentif à l’autre, qui relance sans brusquer, qui contredit sans tancer, qui conseille sans sermonner, qui avise sans interdire, qui encourage sans échauffer.
Permettre que « par nos paroles et par nos manières les autres soient contents de nous et d’eux-mêmes. ».
Converser, c’est suivre l’idée de l’autre, l’accompagner d’un mot simple, avoir des égards pour sa pensée et chercher ensemble une vérité.