365 Nuances de 2019 – #121 – « Que c’est joli ! »

Un billet, court, chaque jour.

Je n’ai pas encore retrouvé la possibilité de courir.  Guérir prend du temps.  Alors je marche.

Autre rapport à l’effort, autre rapport à la performance, autre rythme et donc, autre rapport au temps.

Tout est toujours aussi joli, cependant, ce n’est pas tout à fait le même : « que c’est joli ».  Ce ne sont pas tout à fait les mêmes liens qui se tissent avec les éléments.
Les éléments effleurent la course ; ils imprègnent la marche.

Le paysage est le même mais, au rythme de la course, sa perception passe sensiblement en retrait de l’effort physique.  Il faut arrêter le temps pour en regoûter la texture.
En marchant, même à une allure soutenue, l’attention aux détails du chemin gagne en acuité.  Le temps du pas vous lie à sa texture.
L’œil comme l’esprit glanent le charme des plus petites choses, celles qui, chacune à leur place, expriment la puissance insoupçonnée de leur insignifiance ; les tesselles d’une mosaïque aux mille nuances.

« Que c’est joli ! » vient crescendo, comme une épargne scrupuleuse, des sensations mises de côté une à une, comme de petits sous gagnés un par un et cachés dans un bas de laine.

Si en courant, le compte se remplit à l’occasion, presque uniquement de beautés ou de charmes très saillants, et marchant, les plus petits détails gagnent enfin leur valeur.
Marcher n’est plus flamber, c’est thésauriser, construire un patrimoine imperceptible, respectueux du moindre sequin.

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