Un billet, court, chaque jour.
« Il était une fois … »
Jean-François Cail.
Ni son nom, ni son visage n’évoque à quiconque la moindre référence.
Une rue parisienne porte son nom.
Le huitième arrondissement de Paris a fait de son ancien hôtel particulier son actuel Hôtel de Ville.
Il fonda diverses œuvres pour améliorer l’habitat et la vie de ses ouvriers dont un théâtre qui porte aujourd’hui le nom de « Théâtre des Bouffes du Nord ».
De nombreux ouvrages d’art français et franciliens sont sortis de ses usines.
Son nom est inscrit sur la tour Eiffel dans la liste des soixante-douze noms de savants.
Ce fut un très grand entrepreneur industriel dont le conglomérat : Société J.F Cail & Cie, s’est développé des Charentes, aux Antilles, à l’Ukraine en passant par Paris, porte aujourd’hui le nom de Fives-Lille.
L’Histoire française n’a pas retenu son nom.
Il n’y a que le petit village des Deux-Sèvres qui l’a vu naître, Chef-Boutonne, qui retient la figure de ce personnage qui fut l’un des entrepreneurs prolifiques et emblématiques de la Révolution Industrielle française.
A sa naissance, en 1804, le village de Chef-Boutonne est une parfaite illustration de la situation sociale et sanitaire de la France rurale. Un monde de paysannerie et de petit artisanat où l’on ignore encore tout des manufactures et des machines.
La maison où il naquit est représentative du niveau de vie et d’inconfort de l’époque :
« La porte franchie, on devait descendre trois marches pour se trouver dans une pièce d’environ vingt mètres carrés, basse de plafond, au sol de terre battue, aux murs blanchis à la chaux. Pièce qui servait à la fois de cuisine avec son évier dans le mur et sa cheminée pour faire cuire le fricot, et de coin pour dormir. Au-dessus, de cette pièce unique, un grenier dans lequel une partie avait été aménagée en chambre. »
« Il était une fois … » Je pourrais entrer dans les détails de sa vie industrieuse et prolifique, mais je préfère l’anecdote.
Il dû quitter l’école à neuf ans pour entrer plus tard en apprentissage de chaudronnerie. Avec ses premiers dix francs gagnés, il se fera un devoir de rembourser l’instituteur, Charles Bouchet, qui le renvoya, son père n’ayant pu payer les deux francs par mois de son écolage.
Toute l’histoire de cet homme, jusqu’à sa mort en 1869, sera marquée par cette scrupuleuse honnêteté adossée à un véritable souci de la condition sociale des petites gens.
Avant de créer une des premières caisses d’aide mutuelle ouvrière à laquelle il affecte un onzième des bénéfices de son entreprise, une de ses premières inventions, source initiale de sa future fortune, fut une râpe en tôle pour réduire la pomme de terre en farine.
De râpes manuelles en moulins à blé industriels, il mettra toute sa vie le poids de la nécessité au centre de ses préoccupations.
J’ai souvent sillonné cette venelle et vraiment le « Il était une fois … » se poursuit par « le petit Jean-François devenu grand. ».
Très grand.
Une très belle « success story » made in cocorico !