Un billet, court, chaque jour.
Trocadéro. Ligne 6. Rame de l’avant.
Elles sont deux. Tout mignonnes. Deux ados.
En apparence.
Les visages sont connus.
Ces deux visages-là font partie de l’album d’un « essaim de voleuses » qui écume les couloirs, quais et trains du réseau de transport parisien.
Elles observent.
Terminus à Charles de Gaulle.
Elles sortent à revers.
Prenant de court les passagers entrants.
Les mains se baladent.
Tu lances: « Attention, deux pickpockets ! »
Elles te lancent un regard assassin.
Pas contentes les brigandes.
Un jour, tu te feras casser la gueule !
Changement de ligne.
Quai de la 1.
Tu regardes le quai contraire.
Elles ne sont plus seulement elles deux.
Elles sont maintenant une douzaine.
La chef au centre.
On s’organise. On prend des consignes.
16:30 : l’heure des touristes.
Au travers des portes vitrées automatiques, tu les vois.
Tu sais qu’elles vont fondre comme des mouches sur les poches, les sacs, les morlingues, les téléphones.
Elles montent. Presqu’en ligne.
Tu es dans la rame inverse.
Tu vois tout ça.
Mais, tu ne peux rien faire.