Un billet, court, chaque jour.
Bong Joon-ho est un nouvel Hitchcock.
Le suspense mêle la surprise et le choc.
Toute une mosaïque d’émotions se ressentent au fil des cent vingt minutes de « Parasite ».
Une mosaïque d’émotions qu’éveillent, sur un fonds d’humour, toutes les caricatures d’un certain fatalisme social.
Rencontre tragique entre l’univers de la précarité aux marges de la grande ville : la famille Ki-taek et celui de l’univers de l’aisance du côté des beaux quartiers, là où les espaces aérés l’emportent sur les espaces saturés : la famille Park.
Il y a des Ki-taek et des Park dans le monde entier.
Deux univers sociaux qui s’emmêlent autour d’une arnaque menée par la famille Ki-taek.
Tout cela virera au thriller, au crime.
L’héroïne de la veulerie sera précipitée dans le vide par l’héroïne de la duplicité.
L’initiateur de l’arnaque aura le crâne fracassé par plus criminel que lui.
Le héros de la précarité poignardera le héros du mépris.
La morale de l’histoire est à double entrée.
À trop exiger d’un talisman gage de fortune, une « roche plissée », à trop prendre confiance en sa rouerie, l’aventure virera au crime.
À trop exiger de sa bonne fortune, une vie matérielle aisée, à trop prendre confiance en son pouvoir, l’aventure virera au drame.
L’autre trame du film est celle de l’odeur. L’odeur de la pauvreté, des « Parasites ». Une odeur particulière qui stigmatise un certain déterminisme social.
Odeur de l’humiliation pour l’un, odeur du dégoût pour l’autre. L’une poignardera l’autre.
Hitchcock aurait appelé cela un «MacGuffin».
C’est sans doute ce couteau levé haut, abaissé avec une rage sourde qui porte l’enjeu du film : le moment précis où la violence intérieure, accumulée, contenue, se débride soudainement et arme irrépressiblement un bras à commettre l’irrémédiable.
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