365 Nuances de 2019 – #155 – « Les flons flons de la fête »

Un billet, court, chaque jour.

On s’était renseigné la veille en voyant les forains installer leur attirail sur le parvis de la Cathédrale.

Ça allait être la fête !
La dansante, la foraine avec manèges, pêche-à-la-ligne, baraques à frites, barbes-à-papa et paëlla géante.

Quelques notes de Madison !  Il n’en fallait pas moins pour dégeler enfin les badauds du bal de Saint-Pons.  Jusqu’à ce signal, personne n’avait réellement osé s’élancer sur la piste.

« M A D I S O N, le grand M
Le grand M
Ouais! M A D I S O N, c’est le madison
Ecoutez, écoutez-moi bien
Vous êtes debout, les deux pieds joints
Vous allez faire un grand M
M de madison en partant sur la gauche, puis en arrière
Prêts pour le madison ?
Attention, on y va! »
(Billy Bridge, 1962)
Personne n’avait osé, sauf les enfants et deux couples de danseurs de rock.
Les enfants, c’est normal, ils sont spontanés. Ils sentent le jeu et la joie.
Les deux couples, c’est irrésistible quand on sait danser.  Le rock de salon, celui qui fait tournoyer mademoiselle et madame.

Ce n’est pas facile d’aller s’exhiber devant tant de monde.  La peur de montrer sa gaucherie et son sens approximatif du rythme.

L’orchestre est bon.  Les musiciens et les chanteurs, motivés, s’époumonent pour faire bouger ce qui ressemble pendant un long moment à un musée de cire.  Des cires figées autour du foirail, des statues accoudées au bar.
Seule la foule, autour des manèges et jeux de massacre, va-et-vient avec entrain, balayée par des faisceaux lumineux aux couleurs vives.

Trois petites filles regardent avec envie les danseurs de rock’n roll. Elles s’y essayent avec maladresse.
Le temps d’une pause, la danseuse essoufflée, prise dans son entrain et sa joie, leur prend les mains pour quelques passes maladroites.
Les petites filles sont surprises par cette mise-en-train, mais elles se prennent au jeu et s’en amusent. C’est si bon les pirouettes !
Leur Papa les regarde avec un air ravi.  Lui qui n’a vraiment pas l’air de goûter la danse …

Il y avait, avant le grand M, la valse des timidités et après, il y eut un grand raout de chorégraphies solitaires sur des airs franchement plus modernes. Un par un, chacun ose enfin sa danse.

Les « vieux » danseurs ne s’y retrouvent plus.

La fête des uns s’achève.
La fête des autres s’échauffe.

Les flons flons de la fête distribuent à chacun une joie sur mesure.

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