Un billet, court, chaque jour.
Ô Mare, ô désespoir !
N’avons-nous donc tant vécu que pour des truanderies ?
Et n’avons-nous tant produit dans nos divers métiers que pour voir en si peu de temps flétrir toute probité ?
Nos gloires qu’avec respect le Monde admire (-ait),
Nos bras, qui tant de fois ont relevé cet empire,
Les esprits qui tant de fois ont affermi la sévérité des Lois.
Est donc trahie notre confiance, et on se moque, encore une fois, de nous !
Ô cruel souvenir de quelques princes passés !
Œuvres de tant de courages en quelques mandats effacées !
Je demande pardon à Pierre Corneille pour ce détournement d’alexandrins ; mais c’est un détournement qui ne touche finalement que des mots.
J’ai cherché dans ma mémoire quelques politiques dignes d’éloges ; née en 1970, j’ai restreint cette exploration aux trente-cinq dernières années et n’ai exhumé qu’un seul nom : Philippe Séguin.
Cherchez de votre côté.
À quelques exceptions clairement identifiées, notre monde politique nous dépèce et nous laisse dépecer sans vergogne à une vitesse exponentielle.
Et s’il n’était que question d’argent ! Églises, cimetières, Arc de Triomphe, Panthéon … Passer des vers de Corneille aux inventaires de Prévert serait trop honteux.
Alors comment déléguer pouvoir et autorité à qui foule ses devoirs aux pieds ?
Ô mare, ô ras-le-bol !
Ô rage ?
Il n’y a plus qu’à attendre les prochains suffrages.