Un billet, court, chaque jour.
C’est de voir fleurir sur les réseaux et dans la presse de nombreux articles sur le pompeux concept de « co-walking » (ou encore walking meetings, ou encore walk and talk) que je me suis souvenu d’un célèbre marcheur, qui avait, selon mes goûts, pas mal d’allure : Louis XIV.
Ce concept vient à la suite de la redécouverte des bienfaits de la marche, particulièrement encensés par les magazines à l’été 2017.
Acte physique, acte philosophique et désormais acte managérial.
Pour Louis XIV, c’était un acte politique de démonstration de pouvoir ; lui seul pouvait porter un chapeau. Cet acte offrait subtilement la possibilité de pondérer sa primauté sur tous, puisqu’en promenade, le « libre-accès à sa personne répond au principe qui autorise chaque sujet du royaume de France à voir son Roi.».
Mais c’était sans doute bien plus que cela.
C’était aussi un acte esthétique.
Une esthétique de la marche : le mouvement, le repos, l’attente-, l’esthétique du parcours vécu : l’admiration des œuvres de Le Nôtre-, et une invitation au dialogue avec les beautés du jardin.
Une esthétique personnelle.
Louis XIV sortait se promener tous les jours à 14:00 parce que tel était, avec la chasse, son plaisir, pour rompre avec le travail, les conseils. C’est ainsi qu’il rythmait, organisait sa vie.
Physique, philosophique, poétique, politique, esthétique, personnel, le « co-walking » ne fait ainsi que reprendre les chemins tracés par Jésus, Louis XIV, Jean-Jacques Rousseau, Henry David Thoreau, Gandhi …
Le « co-walking » serait peut-être le premier indice, la première trace des retrouvailles avec le management du temps long : celui de la réflexion, de l’anticipation, de la construction et de la prise directe avec la réalité de terrain : celle des hommes.
« Philosophie Magazine » avait consacré à la marche un remarquable hors-série en 2017 et y avait fait collaborer un grand nombre d’écrivains et de philosophes.
C’est à découvrir ou à relire tant les vertus de la marche sont variées.
Il s’y trouvait une tribune, de Jacques Lacarrière, qui évoque la marche comme un changement du rapport au temps plutôt qu’à celui de l’espace.
Jacques Lacarrière concluait ainsi sa réflexion, et je conclurai ainsi avec lui la mienne :
– « Je me dis qu’en marchant ainsi on ne cherche pas que des joies archaïques ou des heures privilégiées, on ne fait pas qu’errer dans le labyrinthe des chemins embrouillés qui nous ramèneraient à nous-mêmes, mais qu’au contraire on découvre les autres et, avec eux, cette Ariane invisible qui vous attend au terme du chemin. Marcher ainsi de nos jours – et surtout de nos jours – ce n’est pas revenir aux temps néolithiques, mais bien plutôt être prophète. »