Un billet, court, chaque jour.

S’agit-il seulement d’un roman ?
Comme dans « Soumission », Michel Houellebecq reprend tant d’éléments concrets de nos vies, tellement de nos colères, de nos lâchetés, de nos hypocrisies, il les aspire avec une telle minutie et les instille avec tant de dérision, d’humour, de cynisme et de cruauté dans toutes les lignes de « Sérotonine », son dernier roman, avec une telle force, que c’est à se demander s’il ne s’agit pas plutôt d’une séance de psychanalyse par anamorphose ; la profonde dépression du héros ressemble étrangement à celle de notre pays, pour ne pas dire qu’elle en est un cinglant miroir.
Une longue métaphore psychanalytique.
Une examen médical méticuleux.
Une radioscopie invasive.
Le héros : « Florent-Claude », las d’une vie sans intérêt qui n’a cessé de péricliter après la perte de Camille, l’unique véritable amour de sa vie, son unique véritable occasion d’aimer la vie, la vraie vie, dans son essence heureuse, rabelaisienne, joyeuse, romantique, a décidé d’en finir méthodiquement, à coup de 20mg quotidiens de Captorix et d’isolement mortifère complet.
Un texte parfaitement construit, plaisant, vivant, sans concession qui agite, à chaque page, les eaux troubles de nos dépressions intimes et hexagonales.
Camille serait-elle Marianne ?