Un billet, court, chaque jour.
Certains d’entre nous ont dû être élevés dans un autre monde, ou à une époque très lointaine.
Dans cet autre monde, à cette autre époque, les adultes disaient gentiment aux enfants, et même, diable, aux adolescents, de laisser la parole aux adultes.
Probablement pire, nous n’avions pas, de fait, notre place dans le cercle des grandes personnes.
Nous prenions nos repas à part ou avant ; être admis à la table des « grands » était un honneur, se voir donner la parole, mériter l’écoute, un trophée.
À se taire, nous écoutions. À écouter, nous apprenions. À apprendre, nous respections.
Les écarts se payaient cher.
Les adultes faisaient la leçon.
Les enfants l’acceptaient.
Cela permettait à chacun d’être à sa place.
Les adultes avec des sujets d’adultes ; les enfants avec des insouciances d’enfants.
C’était sans doute une sage précaution : si les enfants lâchaient leurs jouets, il les remplaceraient peut-être par les adultes ?
Guillemette Callies 