Un billet, court, chaque jour.
Flâner dans Paris est un art. Il faut à la fois avoir un but et à la fois l’oublier. Faire confiance à ses pas, à leur intelligence.
C’est ainsi que d’un objectif précis, parfois atteint, on divague au gré des rues. Et les surprises ne manquent pas. De jardins publics en cours intérieures, parfois encore accessibles malgré le souci de sécurité, on savoure Paname par ses secrets.
Le regard se fait curieux, baladeur, audacieux.
Mais les pas, dans leur intelligence, ramènent toujours vers les lieux de prédilection, les bouquinistes pas exemple.
Au hasard des bouquinistes, au hasard des étals, chaque couverture fait œuvre de réminiscence.
Surtout lorsqu’une pépite tombe entre les mains.
Aujourd’hui, l’émerveillement réminiscent fut suscité par un album consacré à l’émission littéraire « Apostrophe » présentée par l’irremplaçable Bernard Pivot.
En quelques pages couvertes de photos dérobées par Lucien Chiaselotti, un simple cadreur aux remarquables talents de portraitiste sur le vif, c’est tout l’univers de l’émission qui revient en mémoire.
En découvrant, puis en saisissant l’album, c’est d’abord quelques notes du concerto numéro 1 pour piano de Serghei Rachmaninov qui assaillent l’esprit.
Le souvenir qui déboule immédiatement après, c’est le rituel des premiers mots introductifs de Bernard Pivot qui calent l’enjeu et plantent le décor.
Toujours un peu de dérision, d’humour. Un regard un tantinet facétieux.
Et, toujours, le quantième de l’émission.
L’album, exhumé du désordre poussiéreux d’un présentoir, montre toutes les coulisses de l’avant et de l’après-émission.
Tout le panthéon de la Littérature française, européenne et mondiale défile. On se dit « vu celui-là », « pas vu celle-là ».
Ce panthéon évoque, sur une note un peu nostalgique, le temps d’un autre Art, celui de la conversation, l’esprit des brillants Salons français des XVIIIème, XIXème et XXème siècles.
« Apostrophe », en 724 émissions, avait permis à cet Art, de la belle parole prononcée par de brillants esprits, de renaître.