Un billet, court, chaque jour.
Le Grand-Bornand, Haute-Savoie.
Après le départ de la « Grimpée du Bouquetin », une course de vélo qui aboutit au Col de la Colombière, une joyeuse fête de village prend son essor dans l’artère principale. Tout le monde attend avec impatience le premier concurrent de la course de mini-tracteurs.
Tout est ensoleillé, bariolé, joyeux, bon enfant. Pas un seul déséquilibré, voyou, perturbateur à l’horizon.
Une authentique journée de fête commence.
Mais, dans le même temps, au cœur de l’enthousiasme des badauds et estivants, une bulle se crée sous les voûtes et ogives de l’église Notre-Dame de l’Assomption du Grand-Bornand en Haute-Savoie.
Ce sont les fidèles eux-mêmes qui ont financé, au XIXème siècle, les soixante ans de travaux nécessaires à l’érection de cette belle église aux traits si bien savoyards.
Une messe au milieu du tohu-bohu ?
Ah, mais oui ! C’est le 15 août, une grande fête chrétienne et catholique, qui célèbre la vocation, la pureté, le dévouement maternel de la Vierge Marie, mère de Jésus-Christ. Ici, comme à Lourdes, cité mariale, et dans des milliers d’églises de France et du monde entier.
Les églises sont pleines. Lourdes : « La participation de tous les pèlerins repart à la hausse. » (Le Figaro, p.2, 14-VIII-2019)
Notre Dame du 15 août 2019 pour Notre Dame du 15 avril 2019. Les racines et la foi sont encore très vivaces. Ce sont des bois difficiles à brûler ceux-là.
Une messe, une célébration extrêmement simple, organisée par les ouailles de cette cure savoyarde sous la houlette de l’abbé en titre et d’un prêtre-célébrant burkinabé.
La chorale de paroissiens, extrêmement bien dirigée, incite à donner en communion le meilleur de sa voix, pour, par exemple, faire naître par les notes, en chacun, la délicate émotion d’un « Je vous salue Marie », entonné avec une humble ferveur.
La joie mariale ne s’enferme pas dans les murs de l’église, elle se partage et se propage grâce au « bescoin », le pain savoyard au safran et à l’anis, religieusement béni, qui se partage, tous les 15 août, pour cette fête, avec la communauté, toute la communauté, à l’issue de la messe, sur le parvis de l’église.
Quel beau geste, quelle belle tradition de générosité et de partage de joie.
Chaque 15 août, retrouver, au cœur de la prière, cette belle tradition de partage, nourrit l’optimisme.
Un optimisme de chrétienne.
Alors qu’en 2019, déjà 4 305 Chrétiens ont été tués et déjà 1 847 églises profanées, il est émouvant de voir que les racines de la foi ne sont pas mortes, voire qu’elles rejaillissent ici et là en rameaux exubérants, malgré tous les coups de boutoirs prosélytes, culturels, institutionnels et médiatiques qu’elles subissent ; souvent même, à bien des égards, de la part de ses plus hauts représentants.
Ce « bescoin », ce pain, quoi de plus chrétien ?
Quel beau geste, quelle belle tradition de générosité et de partage de joie qui, en plus, tout simplement, est savoureux et délicieux.