Un billet, court, chaque jour.
Vingt-deux heures et des poussières.
Un noir bleu d’encre s’est installé sur les montagnes environnantes.
Avant d’aller me planquer avec les « Géorgiques » de Virgile, je réponds à la question qui, presque chaque soir s’invite juste avant la clôture quotidienne des débats : fut-ce une bonne journée ?
Oui. Très certainement.
Il suffit, pour répondre à cette question, même si d’esprit toujours porté au verre à moitié plein, de s’envoyer, à soi-même, des cartes postales de sa journée, les images, les captures du moment ; les riens, les détails à égrener doucement comme pour les clipper à un ruban imaginaire, un film à se repasser par séquence, dès cette nuit, demain, plus tard ou dans longtemps.
♥ Le moment, aux premières heures de la journée éclatantes de soleil, d’entamer une longue descente en foulée libérée à flanc de montagne après quarante-cinq minutes de grimpe intense.
♥ Le plaisir de trouver, en récompense du dénivelé gravi, des bugnes fraîches et moelleuses chez le boulanger.
♥ Réaliser que ses chaussures de running arrivent à bout d’usure, en bout de course c’est le cas de le dire, et trouver en moins de vingt minutes le lieu idéal, la vendeuse charmante et des soldes incroyables.
♥ Musarder le long des étals d’un vide-grenier et dépenser sept sous dans de vieilles photos et cartes postales de la montagne qui émoustillent une imagination jamais rassasiée.
♥ Penser à aller chez le meilleur chocolatier du coin pour trouver le rocher préféré d’un ami.
♥ Passer l’après-midi à découvrir un nouvel itinéraire, aller écouter le chant de la cascade.
♥ Dîner de tomme blanche, là-haut en alpage, au son des clarines, dans un décor fascinant de sommets, de lapiaz, d’herbages gras et de velours vert sombre des résineux. La puissance tectonique en pleine démonstration de force.
♥ Deux Reblochons à la souplesse prometteuse.
♥ Redescendre sans se presser, à la brune, en profitant de la lumière bleue qui s’installe sur les sommets.
Tout capturer ; regarder, repasser ces images qui vous assurent que tout était bien aussi beau que vrai.
Quelques petits échantillons de bonheur pour une somme coquette et douillette de gratitude.
Capital inattaquable, indévaluable de petites joies.
Savoir qu’on a cette chance, tant de chance, y mordre à pleine dent, ne pas en laisser échapper un zeste.
Fin d’un dimanche heureux de vacances en août !