Un billet, court, chaque jour.
Dans les années 70… Ça ne me rajeunit pas.
C’était vêtements libres, mais bleu marine et blanc. Chaussures de cuir. Tenue de sport : short bleu marine, chemisette blanche, souliers de sport blancs.
À 8:30, à la grille, il y avait la Directrice qui comptait et vérifiait ses troupes. On lui souhaitait le bonjour d’une poignée de main et d’une subtile révérence.
Pour une incartade, et il y en a eu, on se tapait la descente des escaliers, l’oreille soulevée par une prise en main ferme. On descendait ainsi plus vite se faire recadrer par la Directrice. C’est sûr que de se pendre à la cloche de l’école pour avancer l’heure de la récré, ce n’est pas très recommandé.
Mais c’était de la briganderie sans méchanceté ; je savais pertinemment que je me ferai rattraper par la patrouille.
Dans les années 80… Ça ne me rajeunit pas.
C’était blouse bleu dur, éclatant même, légèrement brillant puisque c’était du nylon. Jusqu’à ce que les autorités réalisent que ce tissu, hautement inflammable, devait tirer sa révérence.
Puis, plus aucune obligation, sinon, la blouse blanche de chimie en coton. Pour rassurer la prof qui nous amusait en nous faisant doser les ingrédients d’un feu de Bengale sur les paillasses.
2018 : la ville de Provins a tenté, soutenue par le suffrage des parents, la mise en place de l’uniforme. Facultatif cependant.
2019 : la ville de Provins connaît un revers venant de ceux-là même qui s’y étaient montrés favorables quelques mois plus tôt.
Mais il ne semble pas que ces tentatives restent isolées. Elles avaient initialement été hautement soutenues par le Ministre.
Olivier Levenka, le Maire de Provins, s’interroge : « Pourquoi le ministre de l’Education, qui avait envoyé des signes positifs sur ce sujet, a refusé qu’on réforme le règlement intérieur des écoles ? ». Fin 2017, Jean-Michel Blanquer avait déclaré qu’il ne « fallait pas obliger tout le monde à le porter » mais « permettre aux établissements qui le veulent de le développer ».
À Troyes, dans l’Aube, la ville de François Baroin, le principe est en cours de débat pour être appliqué aux trente-cinq écoles publiques.
Provins n’est peut-être qu’un flop isolé et temporaire.
À l’heure des communautarismes, des régimes alimentaires confessionnels, des exceptions multiples qui neutralisent la Règle, réfléchir au retour de l’uniforme ne serait pas forcément une aberration.
Se monter pour ses talents et ses atouts personnels plutôt que pour ses origines ou ses avantages sociaux, enverrait un bon signal de retenir ses revendications au placard et à la maison.
Dans mon souvenir, ce qui régnait dans les années 70, dans les années 80, c’est que l’uniforme semblait bien normal, bien simple ; allant de soi.
Je ne savais pas que mes camarades étaient ou riches, ou pauvres, ou chrétiennes, ou juives ou musulmanes.
La discipline était ailleurs. Chez les adultes, la « patrouille » que je citais plus haut.
Ce qui importait, assis sur sa chaise ou courant à la récré, c’était de bien faire et de s’amuser.
L’oubli de l’habit favorisait sans doute cela.
Bien faire, s’amuser ? L’insouciance, l’enfance, non ?