Un billet, court, chaque jour.
Courir seul ou en groupe, voilà une bonne question. Mais il n’y a pas de bonne réponse, ce sont deux philosophies différentes, modulaires, compatibles.
Cependant, quand, dans une côte un peu ardue, après quelques kilomètres bien tapés à bonne vitesse, une main amie vous soutient – tout en vous dépassant parce que, sur ces mètres-là, elle a plus de jus que vous, ça envoie la petite décharge de courage qui redonne à la foulée un peu de nerf.
Le coup d’après, ce sera votre tour, de ranimer celui qui peine un peu, temporairement.
La course à pied est un sport très juste puisque chaque sortie permet de progresser ; que ce soit seul ou en groupe.
Mais le groupe tire d’une façon induite, surtout quand le groupe en question est constitué de niveaux variés et surtout quand le respect mutuel, esprit intrinsèque à la pratique sportive, fait qu’il n’y a pas de bon ou de mauvais coureur, il y a juste l’autre qui produit un effort, un autre effort, différent du sien.
J’ai pour habitude de dire que, sur une course – marathon, semi, 10km, trail – il n’y a pas vraiment de différence entre le premier et le dernier. Tous deux ont pris le départ et ont franchi la ligne d’arrivée.
Chacun a produit « son » effort ; celui qu’il pouvait.
Chacun est allé au bout du pari, du défi qu’il s’était lancé.
Le premier, qui termine haut-la-main, a pu atteindre un niveau que sa vie quotidienne ou ses choix de vie lui ont permis de travailler. Le dernier, probablement moins entraîné, ou dont la vie se dédie moins facilement à un entraînement régulier, a quand même sorti de son corps et de son mental l’énergie suffisante pour aller au bout de la course.
Courir en groupe repose sur ce principe, les forces que chacun est en mesure de mettre en œuvre. La facilité des premiers, des forts-en-thème, implicitement, stimule la volonté des autres de tirer un peu sur leurs forces dont, seul, ils ne se seraient pas sentis capables.
Et ceux qui sont en tête, ceux qui sont plus forts, plus aguerris, plus entraînés, plus dédiés à leur art de la course, le savent.
Ils laissent dans leur sillage, une part de leur énergie qui tire le groupe. De sillage en sillage, on est alors aiguillonné. On va puiser, sans vraiment s’en rendre compte, un supplément d’efforts inconnus.
Il est bon, quand cela s’arrête, quand on regarde la montre, de constater, qu’emporté par l’élan de tous, le rythme que l’on a tenu est bien supérieur, bien plus intensif, peut-être même plus facile, à ce que l’on aurait pu accomplir seul.