Un billet, court, chaque jour.
« Le Petit bal perdu ». Flon-flon, accordéon accompagnent la voix légère, douce, aux intonations parfois un peu nasillardes, un brin précieuses d’André Raimbourg.
André Raimbourg ou « Bourvil », c’est ainsi qu’il était connu. Il est parti le 23 septembre 1970.
« Y’avait tant d’insouciance » est une des paroles de cette chanson, car non content d’être un acteur complet, « Bourvil » poussait aussi la chansonnette.
C’est bien d’une certaine insouciance que « Bourvil » est l’incarnation. Insouciance fruit d’une vie de paysan normand, d’une vocation avortée d’instituteur, d’un essai en boulangerie, puis du service de cornettiste dans la fanfare du 24ème régiment d’Infanterie où, comme sa vie durant, la pitrerie ne le lâchera jamais.
Pitrerie qui sera le label de sa carrière. « Bourvil » est le fils spirituel de « Fernandel » dont il ne cessera de s’inspirer pour semer le rire autour de lui.
Une gueule incomparable aux lignes de boxeur mis k.o. Ce qui émanait de lui, c’était un caractère primesautier, caractère cousin de la pitrerie. Une allure spontanée, bon enfant qui se réjouit des petites plaisanteries du quotidien et qui balaie d’une salve rieuse les petits et grands tracas de ce même quotidien.
De sa voix et de son allure, on ne peut séparer son rire tonitruant, un blast hilare qui vous atteint en plein humour, qui réveille même le plus inavoué des clowns.
Lui, Jean Gabin, Fernandel, de Funès et bien d’autres auront coloré le cinéma Français de leurs répliques-cultes et d’une joie gauloise, facétieuse, parfois primaire mais qui secoue au fond de chaque tricolore un esprit qui nous appartient en propre, qui ne prend rien au sérieux, qui se moque de tout et de tous, sans aucune méchanceté de fonds.
Eux partis ?
La joie primesautière ?
« Elle va marcher beaucoup moins bien maintenant forcément. »
C’est sûr que, depuis lui et depuis eux, la joie pure a des ratés qui durent.