Un billet, court, chaque jour.
Selon les médias, il y aurait eu environ 74 500 personnes au défilé contre la loi bioéthique. Soit environ un Stade de France complet un soir de match de l’équipe de France.
Il semblerait qu’il manque au compteur environ 525 500 manifestants chez certains médias, ou 325 000 chez d’autres.
J’y étais.
Et je me dis qu’au jaugé, il y avait largement plusieurs Stades de France le long des boulevards qui mènent à Montparnasse.
Au-delà des aspects comptables, il faut avoir conscience de la joie, de la gaîté et du pacifisme qui régnait dans les rangs de gens très divers, venus de toute la France.
Les plus cyniques commentateurs préciseront qu’il avait là beaucoup de blancs, beaucoup de chrétiens (catholiques), beaucoup de CSP+, beaucoup de familles traditionnelles.
C’est loin d’être vrai. Il y avait des gens de tous ordres, de tous milieux, de toutes convictions.
Incroyablement, ces hurluberlus sont des Français parmi tant d’autres, des citoyens à part entière, qui votent, qui travaillent, qui paient leurs impôts, qui élèvent leurs enfants, qui respectent les lois.
Ces hurluberlus sont même capables, contre la vague consensuelle progressiste qui considère que rien ne doit contrarier son cours, d’aller battre le pavé pour défendre leurs idées, leurs convictions profondes et ce, sans créer le moindre heurt, sans manquer du moindre respect aux forces de l’ordre.
Ces hurluberlus interrogent simplement la soi-disant évidence de la loi bioéthique, acquise de fait par une minorité, votée par seulement 75 députés présents selon un processus vicié à l’Assemblée nationale.
Cette loi n’a rien d’évident, n’a rien de neutre. Elle interroge sur le sort que l’on réserve à la procréation humaine, sur l’utilisation que la science et la médecine comptent faire des cellules reproductives au-delà de la PMA thérapeutique.
Nous avons la chance, en France, d’avoir ce bastion qui ne laisse pas des décisions aussi graves en conséquences se prendre mollement, technocratiquement.
Bien des pays manipulent déjà sans limites les cellules humaines ; ce n’est pas parce que cela se fait ailleurs que c’est moralement, humainement acceptable.
Ce n’est pas parce que la science permet bien des miracles qu’il faut la laisser quitter le champ thérapeutique et se substituer à ce que la nature, seule, ne permet pas.
Au-delà des pour et des contre, il faut accorder un certain respect à cette foule, quel que soit le multiple par lequel on décide de la dénombrer, qui, au milieu du progressisme impérialiste, prend le risque de faire défiler ses convictions.
C’était une marche de la fierté, de la fierté de défendre une certaine vision de la transmission de la vie, de la procréation, où l’enfant reste un projet charnel dont le père ne peut être exclu avant d’être une manipulation de laboratoire.