365 Nuances de 2019 – #262 – «Glaner»

Un billet, court, chaque jour.

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L’automne est une merveilleuse saison. Les quatre saisons sont remplies de charmes uniques, mais l’automne tient le haut du pavé.

C’est le moment de ressortir «Raboliot» de la bibliothèque et d’aller se perdre dans les brumes solognotes en suivant, sans en semer un seul, les mots si justes et précis de Maurice Genevoix : «On peut bien repérer les grillages en bonne place, capter d’un sûr regard, comme d’un coup de filet, les renseignements utiles qui viennent à vous de toute part, qui montent des labours, des prés et des bois…»

Pour le promeneur, la promeneuse ici, en l’occurrence, l’automne est la saison des récoltes de chenapan, celles qui ne causent aucun tort, celles qui donnent un avenir aux fruits qui n’intéressent pas, plus, jamais personne.

Mon oncle dirait qu’un glaneur qui se respecte ne sort jamais sans son Opinel, un sécateur et une «poche».
Et un œil bien à l’affût.

Œil à la fois spectral et perçant, capable de repérer, au milieu des herbes et des feuilles mordorées, la tête lisse d’un fongus des champs ou d’un fongus des bois, d’entrevoir une branche ou une treille aimablement penchée le long d’une clôture, alourdie de fruits aux charmes ignorés ou délaissés.

Larcin sans crime ni mal.
Une filouterie sans préméditation.
Une chaparderie du hasard.

Il faut ressentir la joie douce, la satisfaction montante, le plaisir enfantin de saisir, presque en douce – le Bon Dieu vous regarde en coin un peu quand même – le coing ignoré, le raisin méprisé et de tâter leur maturité ou de croquer leur peau brillante de sucre.

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