Un billet, court, chaque jour.
Il paraît qu’ici, il y avait un terrain de golf.
C’est ce que la carte d’état-major indique.
Ce qu’elle n’indique pas, cette carte, c’est combien de temps il a fallu à la nature, à la végétation, pour reprendre ses droits.
À la première vue de ce capharnaüm végétal : un long temps.
Mais en observant cette presque jungle un peu plus attentivement, malgré l’imbrication, l’enchevêtrement prononcé des ronces et autres herbes folles, on comprend que la reprise en liane du terrain, le ré-enracinement vont vite.
Sans intervention, sans la main autoritaire de l’homme, la nature ne s’encombre pas de perspective, d’ordre, de symétrie, d’équilibre.
Elle prospère, se répand, s’agrippe, s’immisce ; colonise sans état d’âme.
La nature, sans frein, ne se soucie pas d’esthétique. Elle ne fait pas paysage.
C’est l’Homme, la chaîne ininterrompue d’Hommes, qui a conçu le principe, la notion, la discipline de paysage.
Pays sage.
L’homme, par son travail, son labeur, a donné des lettres de noblesse à un univers végétal plutôt brutal, où règne la loi de l’espèce la plus forte, la plus dominatrice.
Il a cadré cette entropie naturelle, pour s’y sentir en sécurité, pour pouvoir s’y donner une place viable.
Ce lieu, cette bulle sauvage, presque sauvage, est situé à quelques petites encablures du centre de Paris, mais il montre comment, quand on cesse de réguler un processus, quand l’Homme n’impose pas un point d’équilibre, la partie est rapidement perdue.