Un billet, court, chaque jour.
J’ai pris la photo de cette femme aux cheveux rouges à la volée.
Le rouge aux cheveux n’est plus qu’un choix esthétique aujourd’hui. Il ne signifie plus qu’une forme d’originalité, que l’on se trouve en période de carnaval, d’Halloween ou en temps ordinaire.
Il est loin le temps où ce fut la couleur imposée aux femmes de petite vertu, après le jaune, après les ceintures dorées et les cadenas aux volets clos des maisons aux lanternes rouges.
Aujourd’hui, chacun fuit les signes stigmatisants.
Au travers de l’Histoire, quel que soit le continent, ils ont été les vecteurs de bien trop d’exclusions, de souffrances, de crimes et de barbaries.
Il n’y a pas une société au monde qui puisse se dédouaner de ces sortes mises à l’index, quelles que soient les formes qu’elles aient prises.
Il y a eu les rues chaudes, les crécelles, il y a eu les étoiles.
Il y a aujourd’hui le voile.
Aujourd’hui, l’incohérence vient de ceux-là mêmes qui voudraient être considérés comme tout un chacun mais qui se stigmatisent eux-mêmes, qui s’imposent à eux-mêmes le signe d’une caste et qui voudraient, malgré cette signalétique volontaire, que la société les indifférencie.
Pour en revenir aux cheveux rouges, si cette jeune femme le souhaite, si elle veut redevenir anonyme, en un coup de shampoing, elle rentre dans le rang.
Pour ce qui est du voile, si ces femmes le souhaitent, si elles veulent qu’on les oublie, en un simple geste, elles renoueront avec l’approbation de tous.
L’approbation des citoyens français ordinaires qui, après de longs combats pour acquérir les droits qui assurent leurs libertés de vie et de conscience, veulent conserver une société sécularisée, une société fondée sur l’assimilation et le respect de la Loi républicaine commune.
Une société de paix finalement.
Guillemette Callies 