Un billet, court, chaque jour.
Comme cela, le matin, en sortant de chez soi, la vie est belle et, pour s’en assurer, on balaye l’environnement du regard, à la recherche d’images qui confortent cette jolie humeur.
Un, puis deux, puis trois.
Des tas de tas.
Pendant la nuit des gens, pas très gentils du coup, ont vidé leur vie sur le pavé.
Votre regard, contrarié, assombri, croise alors ces déversements d’histoires intimes que vous auriez préférées ne pas connaître.
Ils avaient tout cela chez eux ?
Et, du coup, vous êtes au courant de leur vie, de toute leur vie déballée impudiquement sur la chaussée.
D’autant plus qu’entre temps des fourrageurs sont passés, ont tout éventré, ont mis leur nez et leurs mains dans ces vomissures de vie privée.
Au-delà de la vue gâchée et de l’indiscrétion imposée, une petite rengaine s’insuffle dans l’esprit.
Tout ce à quoi on peut rêver, certains matins, c’est que «développement durable, protection de l’environnement, tri sélectif, consommation responsable :
– «C’est pas gagné !»
Les poteries gauloises, exhumées à l’occasion de constructions de parkings ou de supermarchés, ne seraient-elles finalement que de semblables déménagements, crises de tri et ménage de printemps mal gérés ?
Je me demande à quoi ressembleront les fouilles archéologiques de 3019.
Guillemette Callies 