Un billet, court, chaque jour.
Il y avait un grand nombre d’enfants dans la salle.
L’histoire est faite pour eux. Et aussi pour les grands enfants de mon espèce qui apprécient l’art de l’animation quand le dessin est aussi soigné.
« La Fameuse Invasion des ours en Sicile » est un bien joli conte narré par le troubadour Gedeone et sa facétieuse fille Almerina.
Le film, tiré du conte de Dino Buzzati, est un enchantement.
Les images aux traits précis, au graphisme très pur, à la chromatographie chatoyante portent magiquement les aventures du peuple des Ours, de leur Roi Léonce et de son fils Tonio.
Il y a là une vraie patte d’artistes et d’artisans.
La musique n’est pas en reste pour marquer, comme une ponctuation précise, chaque tempo du film. Les petites débauches de mandoline, ici et là, évoquent la fantaisie, la vitalité, la gaité et l’entrain italiens.
Le roi Léonce part en quête de son fils chéri, Tonio, disparu, enlevé par des chasseurs au cours d’une partie de pêche.
D’épreuves en batailles et combats, il retrouve son fils et gagne la couronne de la Sicile.
Mais gouverner des ours aux pays des hommes n’est pas simple. Les uns et les autres, pétris d’ambitions, conspirent.
Le roi Léonce, la bataille pour remettre le pays en ordre remportée, rameute toute la tribu des ours : « il ne faut pas renier ce que nous sommes, des ours ; notre vie est en forêt ».
Les enfants de la salle ont ponctué de leurs petites exclamations, de leurs petits rires et de leurs petits commentaires, toute la beauté de l’histoire et du film.
Les adultes, eux, auraient pu, en plus, y trouver une possible double lecture, celle de la crédibilité dans l’exercice du pouvoir.
La réussite du film consiste à nous placer sous le charme des ours et ainsi à nous conserver au même âge que celui des enfants, celui qui croit aux rêves et à la magie.