365 Nuances de 2019 – #285 – «Une cause contre une autre»

Un billet, court, chaque jour.

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« Notre Cause », « Cosa Nostra » en Sicile.
Quand on a été nourri à ce poison-là dès le biberon, comme le héros du film Tommaso Buscetta, il est surhumain d’aspirer à autre chose et de trahir.

Mais il a dû y avoir un autre lait que celui de la camarilla dans son biberon, puisqu’il prendra tous les risques pour rompre l’omerta.
Sans doute un défaut d’origine ou un remord à retardement ou encore un sursaut de l’âme à mèche lente.

Ce que Tommaso Buscetta aime plus que l’argent du crime, ce sont les femmes et la vie.
Ce que Tommaso Buscetta, bien que criminel confirmé, n’accepte plus c’est le temps du crime sauvage, aveugle et gratuit contre le temps du « noble » crime d’honneur.

Il devient « Le Traître », « Il Traditore », celui qui risque sa peau pour le restant de ses jours en ouvrant la boîte de Pandore de la pieuvre sicilienne et en en faisant jaillir tous les secrets.

Pierfrancesco Favino, alias Tommaso Buscetta, campe son personnage avec méthode, précision, justesse.
Un personnage balancé entre l’amour du pays, une certaine légende chevaleresque de la pègre et son dégoût pour le meurtre froid.

Suivre du regard le parcours du « repenti », ne fait pas pour autant oublier une fresque assez réussie et sans concession du fonctionnement du clan, de ses codes archaïques et de son système mortifère.

Seule une petite scène du film, une manifestation de travailleurs dont les banderoles affiche : « c’est Cosa Nostra qui nous donne du travail et nous fait manger » rappelle la logique normale des sociétés ; là où l’État cède la place, la pourriture s’installe.

La volonté, la reprise en main de la machine sicilienne par l’État, est symbolisée par le Juge Giovanni Falcone (Fausto Russo Alesi), une justice ferme, déterminée mais humaine.  Là encore, un jeu d’acteur tout en maîtrise.

Une cause contre une autre, le bien réarmé contre un mal enraciné.
Le film, bien qu’un peu long par moment, tient sa promesse de réalisme et de vérité ; il est joué à la « sicilienne » : un langage à part.

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