365 Nuances de 2019 – #288 – «Quarante-cinq minutes»

Un billet, court, chaque jour.

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Novembre.  Quarante-cinq minutes en clair-obscur.

Les coureurs à pied entrent dans une saison ingrate.  Surtout les matinaux.

Les jours raccourcissent et il va bien leur falloir tenir jusqu’à mi-février pour revoir le jour se lever en même temps qu’eux.

Avec l’automne et l’hiver, le territoire matinal du coureur se rétrécit. Même avec une lampe frontale, il devient un champ de contraintes et de précautions ; le pas se fait craintif.
Racines, aspérités et objets de hasard deviennent des ennemis.

L’organisme est plus rétif que le mental.
Il sent bien que la lumière tarde, et lui, pas fou sommeille encore un peu. La foulée prend plus de temps à se rythmer ; le démarrage, le premier pas tergiversent par de petits gestes de réglage que l’on bâcle un peu plus aux beaux jours.

Mais il y a tout de même une récompense, partagée quelle que soit la saison, c’est l’émergence du décor vers la lumière, le moment où tout sort de l’ombre et où d’hésitant, le coureur devient maître.

L’aube recompose l’espace.  On cesse de deviner, on voit vraiment.
Enfin, alors, oublieux du geste qui retrouve naturellement ses appuis et débarrassé des adversaires sournois disséminés sur la trace, on profite, le regard voilé puis net, des cadeaux de matin.

 

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