Un billet, court, chaque jour.
« Slava »
Plus communément connu sous le patronyme de Rostropovitch ; Mstislav Rostropovitch.
C’est « Slava » que j’ai eu envie de retenir.
Pour rendre familière, pour personnaliser la plus jolie image que j’ai conservée en mémoire de la chute du mur de Berlin : un homme jouant Bach au milieu d’une foule qui jouait l’Histoire.
Il m’a toujours semblé extraordinaire qu’un homme, un artiste, fasse appel à tous les moyens logistiques possibles pour venir offrir ses notes, ses envolées mélodieuses, son Art, à une foule qui s’offrait la Liberté.
Souffle éternel, la musique, qui célèbre un souffle vital, l’Espoir.
Avec la seule arme de l’archet, encourager, rendre hommage à la force de la volonté populaire, sublimer, faire écho par la mélodie à ces milliers de voix de l’Est qui s’élevèrent enfin sans crainte.
Les vertus de la Musique prennent tout leur sens dans un tel décor, en de telles circonstances, pour conjurer tant de drames.
« Slava ».
En plus d’accompagner la joie des autres, il célèbre la sienne, il transcrit en grattant son violoncelle sa joie renaissante d’exilé, de déchu de sa nationalité qui peut envisager, après onze ans, de retrouver sa terre natale.
Il suffit d’observer, à la dernière note jouée, son sourire, comme une respiration, illuminé par une bouffée de soulagement.
11 novembre 1989.
« Slava » et Bach, universels, pour une ode humble à la paix et à la joie.