Un billet, court, chaque jour.
« natio » : naître en latin.
Naître de quelque chose, naître d’un groupe homogène, dans les caractéristiques desquelles un individu a plaisir, fierté à se reconnaître.
« natio » a donné Nation.
Une Nation est une lignée, une origine, une force complémentaire pour qu’un individu, en plus de posséder une identité unique, singulière, se sente en filiation avec une communauté de semblables, comme appartenant à un tout solidaire, à un ensemble riche de valeurs communes, partagées.
Un individu, une partie d’un tout, sans lequel le tout ne serait rien.
Treize soldats, treize hommes, ont eu la force de sacrifier la petite somme humaine qu’ils représentaient au bénéfice d’un tout, une Nation, la leur, la France et au bénéfice de la communauté des peuples du Sahel, d’autres Nations, celles d’autres frères humains.
Nous avons la chance de vivre en France.
Pays où demeure encore bien vivace, pour nombre de ses Citoyens, le sentiment d’appartenir à une Nation.
Même sans connaître ces treize hommes, ces treize soldats, même sans savoir ce qu’est une guerre, ni même ce que c’est de combattre, chacun de ceux qui comprennent ce que faire partie d’une communauté solidaire signifie, a d’importance, peut se sentir touché par leur mort.
Le tout, la Nation, souffre, lorsque l’un des siens, l’un de ses membres est attaqué, assassiné.
Que ressentent ces autres frères humains ? Ceux du Sahel ?
Sentent-ils la valeur de ce sacrifice et la valeur du sacrifice de leurs familles ?
Probablement rien.
Nos treize soldats ne leur sont rien.
Leur mort ne leur retranche rien.
Alors, dans cette anesthésie des sentiments humain, dans ce mépris de la vie donnée, il est peut-être temps de laisser ces autres Nations se blesser seules et elles-mêmes ou se ressouder seules et par elles-mêmes.
De les laisser assumer la guérison de toutes leurs parties malades et d’œuvrer courageusement à reconstruire, voire à déjà construire, un tout qui leur ressemble.
Il est peut-être temps de dire adieu au Sahel.