Un billet, court, chaque jour.
Alors que lundi dernier, l’Hôtel des Invalides ouvrait son cœur à treize de nos compatriotes tombés au combat, le hasard des grèves conduisit mes pas au pied de la statue qui immortalise celui qui en fut le concepteur : Libéral Bruand.
C’est étonnant ce que le hasard peut permettre comme rencontre, même si elle est lapidaire, de pierre cela s’entend.
Qui est Libéral ? Libéral Bruand ?
Hormis cette mémoire de pierre, le nom de cet architecte ne résonne pas dans les cordes de nos mémoires et n’est pas passé à la postérité.
C’est pourtant lui, dont le projet fut choisi parmi huit autres par Louis Dieudonné, dit Louis XIV, qui conçut les plans et conduisit sur un vaste terrain de dix hectares les travaux de l’Hôtel des Invalides.
Il conçut également les premières esquisses de la Place Vendôme et de la Basilique Notre-Dame des Victoires.
Il fut le professeur de Jules Hardouin-Mansart a qui nous devons également pléthore de chefs d’œuvre de l’architecture classique.
Si cet homme savait qu’aujourd’hui encore, l’Hôtel des Invalides, reste dans sa vocation première voulue par le Roi Soleil, celle d’être un écrin pour les soldats meurtris par les combats, à qui une Nation se doit de rendre tous les hommages et, plus tristement, les derniers honneurs, il se sentirait certainement grandi de permettre de préserver cet esprit de reconnaissance, de gratitude.
Avant de tourner le dos et de reprendre le cours de mon chemin, je me suis laissé aller à penser qu’il y avait, de par le monde, de par la France, des hommes, humbles en leur époque, mais tant plus grands qu’eux-mêmes qu’ils laissaient derrière eux, pour leur temps, pour longtemps et pour l’avenir des générations, des balises, des repères, des sémaphores pour que nous ne perdions pas nous-mêmes.