Un billet, court, chaque jour.
Dans l’antre du Musée du Louvre, Leonard de Vinci s’expose.
La foule est dense.
Tout l’espace de l’exposition, pourtant régulée par un système de réservation, est occupé.
La foule est studieuse, concentrée.
La foule fascinée est fascinante à observer.
Chacun, mot après mot, lit les notices, les fascicules avec sérieux.
Chacun écoute, recueilli, les commentaires des audio-guides.
On se masse devant les toiles.
On les scrute point par point.
On s’agglutine devant les vitrines où pose le travail scientifique méticuleux du grand Italien à la barbe blanche : de grandes planches remplies de croquis, des livrets gainés de cuir dévorés par une petite écriture pointilleuse brunie par les âges.
Ce qui finit par surprendre, au fil de l’observation, c’est le silence, à peine chahuté par quelques bambins, de tous ces badauds.
Chacun se laisse surprendre, puis envoûter, par ce déballage de génie.
Et chacun de chercher à comprendre, puis à réaliser, tout ce qu’un seul homme a pu produire de réflexions par la seule force de l’étude, par l’intensité d’un travail de forçat, par l’effet unique de l’industrie de l’esprit.