Un billet, court, chaque jour.
« L’Embûche de Noël »
A Nieul, Limousin.
Celui de mes rendez-vous de course à pied – course nature, trail, selon les avis -, que je préfère.
2019 aura été ma quatrième édition.
Ce qui rend cette course si particulière, c’est sa simplicité.
Pas de battage médiatique, pas de t-shirt cadeau, pas de grands sponsors, pas de médaille.
Presque, à part moi en l’occurrence, que des coureurs des environs.
Une ambiance de famille. Une ambiance amicale.
Café et soupe maison, sandwiches-rillette et quatre-quarts.
Ravitaillement de gobelets d’eau et pâtes de fruit.
Bénévoles aux petits soins.
L’électricien est pisteur.
Un kilo de pommes de la région offert avec le dossard.
Courir pour rien.
« Courir pour des Pommes »
C’est s’assurer de courir pour et avec le sourire.
« Embûche » !
Cette année, la course n’aura jamais aussi bien porté ce nom.
D’habitude, il se contente de faire assez froid.
Cette année, non seulement il avait plus en continu les jours précédents la course, mais un crachin, un brin intermittent, s’était invité sur le parcours.
Dès les premiers mètres, c’était boue, encore boue, ravinage et flaques géantes.
Cela n’a pas loupé : moi et un groupe de coureurs nous y sommes jetés de nos deux pieds, dès le troisième kilomètre.
Une fois les pieds noyés, imbibés, il n’y a plus rien d’autre à faire que d’avancer au son d’un petit «pouich-pouich» musical dans les chaussettes.
Le terrain macule les chaussures de trail, une flaque les nettoie.
Un pas par ci, un pas par là.
L’avantage d’une double boucle, c’est que la première est une découverte, la seconde un vrai plaisir.
Les pièges, les dénivelés sont connus.
On se lâche.
Se lâcher n’a pas été bien difficile.
Ce matin, le sourire, en mon for intérieur et sur mon visage, ne m’a pas quitté.
Et, de bout en bout, malgré les pieds inondés, ce sourire a irradié mon énergie et ma foulée.
C’est une modeste course, peu de participants. Il arrive que l’on se trouve seul au cœur de la forêt.
Le parcours est tellement beau, de côtes caillouteuses, en sous-bois fournis, en berges accidentées de la Glane, que rien d’autre importe que le jeu de pieds, l’intelligence du terrain.
J’avais, d’une certaine manière, des ailes dans le dos.
Des ailes si insouciantes que j’en ai oublié la compétition, j’en ai oublié de déclencher mon GPS.
Je suis arrivée à la ligne finale comme une fleur, comme un ange puisque j’avais des ailes.
Le chrono, au final de ces vingt-deux kilomètres, s’en est trouvé plutôt bien.
Et mon sourire encore plus.