365 Nuances de 2019 – #356 – «Une loi, des mesures»

Un billet, court, chaque jour.

Sans titre

Grâce à ce billet, à ce trois-cent-cinquante-sixième billet, je m’aligne enfin sur le tantième du jour, en ce 22 décembre, trois-cent-cinquante-sixième jour de l’année 2019.
Il me reste désormais neuf billets à rédiger pour atteindre mon pari.

Mais je n’aurai jamais assez de jours, ni de billets pour partager le quotidien et même souvent le multi-quotidien de mes découvertes, de mes observations, de mes divagations, de mes étonnements, de mes humeurs et souvent, comme ici, de mes coups de colère.

22 décembre, alors que la France et Paris entament leur énième jour de grève, ce dimanche est un jour particulièrement industrieux pour certaines activités professionnelles.

Je me suis fait avoir et me suis rendue complice de la situation alors que la vérité de l’enjeu s’est manifestée d’elle-même avec, tout de même, le préalable d’un minimum de capacité d’examen.

Avant les fêtes, tout le monde veut se faire beau, ou belle ici en l’occurrence, avec, par exemple, des mains soignées, manucurées.
Certaines échoppes sont ouvertes pour cela sept jours sur sept, avec des amplitudes horaires proches du trois-huit.
Ces échoppes sont majoritairement tenues par des Asiatiques.  Là n’est pas le sujet.

Le sujet, je l’ai découvert, comme un pot-aux-roses, au hasard des échanges de conversations et en regardant le manège dans le détail.

– Une cliente veut payer en carte, la machine est en panne.  Il faut qu’elle aille chercher des espèces au distributeur.
– Il y a plus de clientes que de places disponibles.  On bricole de ci et de là pour caser tout le monde.
Certaines sont assises avec leurs chaussures sur les bacs qui serviront bientôt à faire tremper, s’occuper des pieds nus de belles naïves.
– Les instruments de manucure : limes, pinces métalliques et autres scalpels passent de cliente en cliente sans désinfection.
– La posture de travail des employés défie les exploits des contorsionnistes professionnels.

Tout ceci paraît extrêmement bien rodé.
Il ne semble pas y avoir, ni chez les employés, ni chez les clients, la moindre gêne, le moindre scrupule sur la légalité de la situation.

Mais à y regarder de près :
– Toute la recette de la journée sera récoltée en espèces.  Pas de trace, pas de comptabilité, pas d’évaluation possibles.
Pas de charges sociales, pas de TVA, pas d’autres impôts.
– Combien de public cet établissement est-il habilité à recevoir ?  Quelles sont les normes pour un minimum de sécurité et d’hygiène ?
– Quelle est la règlementation en matière de stérilisation des instruments dans les instituts de beauté ?
Ces établissements qui s’occupent de soins corporels, au même titre que les pédicures-podologues diplômés par exemple, sont-ils soumis aux mêmes contraintes ?
– Travail le dimanche, amplitude des horaires de travail, temps de pause, de récupération, repos hebdomadaire, sécurité au travail.

Ah, c’est vrai, les Inspecteurs du travail ne travaillent pas le dimanche.

Voilà.
Des Agriculteurs, cibles d’un feu nourri d’agro-bashing, se suicident chaque jour faute de revenus suffisants, ployant sous les règlements, les contraintes, les dettes, les charges-impôts-taxes sur lesquels rien ne leur ait jamais remis.

Mais.
A l’ombre de ces drames, prospèrent des officines en tout genre et de toute sorte, qui bafouent, presque sous les projecteurs, par le menu, toutes les lois qui s’imposent aux gens honnêtes, que s’imposent les honnêtes gens.

Je suis repartie avec une sourde colère.

Une colère qui doit se chiffrer en millions d’euros de fraude.
Millions de fraude ici, millions de fraude là.

Millions qui manquent pour financer la santé.
Millions qui manquent pour financer les retraites.
Millions qui manquent pour financer la formation.

La colère, certainement partagée par des millions d’entrepreneurs et de citoyens honnêtes.
La colère née du sentiment qu’il y une loi mais des mesures.

Et après, le pouvoir se plaint que les grèves continuent ?

 

 

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