L’esprit embué.
C’est avec un tel sentiment que s’amorce une nouvelle année d’écriture au quotidien.
En dirais-je autant le 31 décembre prochain ?
Aurais-je relevé une nouvelle fois le gant ?

Ce premier jour de 2021, qui ouvre trois-cent soixante-quatre autres jours d’exploration au fil de l’eau, tout azimut, paraît une nébuleuse où se mêlent panique de ne plus déceler, trouver ces riens, ces charmes et travers du quotidien qui, ornés des mots, en rangs serrés dans les phrases et les paragraphes, donnent à chaque pensée l’encre de ses entrelacs.
Tout, de par ce monde, va si vite. Ou plutôt, allait si vite.
A cet égard, l’année 2020 et sa pandémie, n’aura pas eu que des défauts.
Un virus fait rage ? Tout s’arrête.
Sauf ce que François Sureau appelle « L’Or du Temps » ; l’or des plis sinueux du temps.
Dès qu’on lisse ce temps, comme on le ferait d’un vêtement précieux, on y découvre autant les détails de l’étoffe que le travail, les petits points du tailleur.
On y découvre l’envers du hasard. L’endroit de la petite et de la grande Histoire.
Le temps nous traverse. Rien en nous ne peut l’arrêter sinon les mots.
Le temps est toujours à notre proue ou à notre poupe, nous, navires ballottés par la houle incessante de la suractivité.
C’est donc avec des mots que, derrière chaque porte, derrière chaque rue, chaque paysage, chaque conversation, nous devons explorer l’or de ce temps qui nous échappe plus sûrement que le sable.
Les plis sinueux du temps.
C’est dans les plis sinueux du temps, temps présent et temps passé, que nous pouvons comprendre combien le monde est construit par ces milliers de vies, ces milliers d’histoires, minuscules ou triomphantes.
Il y a de l’or partout et en chacun comme si partout et chacun était le pied d’un arc-en-ciel.
Le cadran du temps frénétique s’est figé. Notre mémoire, hésitante jusqu’alors, n’ayant plus rien pour la distraire, a pu réassembler des fragments du passé oublié.
Comme Sureau, de bavards en réseau, nous avons dû nous résoudre à la discrétion, à devenir des promeneurs immobiles qui ne quittent plus leur salon.
Pénurie de moyens, abondance d’imagination.
C’est reparti pour trois-cent soixante-quatre nouveaux jours de mots de tout, de mots de rien, de mots de la rue, de mots des lieux, de mots des gens, de mots des états d’âme et des coups de gueule.
De mots de la joie aussi.
😉
Provenance : Courrier pour Windows 10
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