
En courant sans itinéraire précis, en laissant les chemins décider pour vous, en suivant l’envie, l’intuition ou encore les traces les plus ensoleillés pour défier le froid, je me suis aussi laissé aller à une divagation.
Oui, parce que lorsqu’on court, même au plus fort d’un effort, on pense quand même.
Les sportifs ne laissent pas leur cerveau au vestiaire.
Bref, laissant mes pas décider, j’observais que, spontanément, presque ataviquement, on allait vers la lumière, l’ordre : le bien.
En mettant les pieds dans une allée rectiligne, je voyais d’abord l’ordre, sans accorder tant d’importance aux ombres.
Parce qu’ici, dans le décor, tout est convergent, utile à l’ensemble.
Dans un paysage, les rôles s’équilibrent ; même celui des ombres.
Tout ceci sentait la métaphore scénographique d’une conversation avec des amis à propos de ceux qui, en majorité dans le monde, tentent de le construire en vertu du bien mais dont l’action est assombrie par une petite catégorie de personnes dont le pouvoir de nuisance vitriole les plus belles psychés, déshonore les meilleures intentions, perturbe les courageux efforts, réduise à néant les meilleurs projets.
Dans la vie ordinaire, les ombres sont ces personnes qui consacrent de l’énergie à gâcher celle de leurs condisciples et la stabilité des systèmes sociaux dans lesquels ils évoluent.
Mesure-t-on jamais assez, dans une famille, dans un groupe d’amis, dans une entreprise, dans un pays, ce que l’attitude, souvent d’un seul, bientôt de plusieurs si l’on n’y prend pas garde, peut coûter réellement.
Que détruisent ceux qui dédient leur intelligence, souvent supérieure, qui consacrent l’essentiel de leur temps et de leur énergie à nuire : surveiller, rapporter, déformer, orienter, médire, conspirer ?
Dans le jargon, c’est ce que l’on appelle le « coût d’agence ».
Tout le temps, l’énergie et les moyens que l’on consacre à combattre des nuisibles.
Temps, énergie et moyens que, de ce fait, on détourne de l’accomplissement du projet, du bien initial et commun.
Il existe, au milieu de cette perte d’utilité, comme barrage à ces malfaisants destructeurs, ces ombres habiles, une ligne droite, comme cette allée d’arbres, un chemin pour la lumière : la possibilité du bien.