Dimanche.
C’est une journée qui revient souvent dans mes affections.
Une journée qu’avec un peu d’art personnel, on peut transformer en fête. Ou en miracle.
Le repos est d’abord sa première vertu. Si ce jour la possède en tout temps, il la met particulièrement en valeur en ces temps de confinement.
Comment faire pour qu’il ne ressemble pas aux autres, alors que la palette de nos dévotions, occupations et divertissements s’est considérablement réduite et s’est vue drastiquement réglementée.
Messes aux moindres joies collectives, cinémas et musées interdits, restaurants et terrasses bannis, rassemblements proscrits.
Le franc coup de froid hivernal complique encore un peu la donne.
Il reste le repas.
Sanctuaire intouchable par les autorités de l’absurdie, nouvelle notion à la mode qui recouvre, non pas l’hexagone et la fine fleur de ses citoyens, mais bien plutôt la néo-curie qui édicte régulièrement un nouveau missel chaotique et cathodique pour nos devoirs quotidiens.
Acmé du repas dominical, au moins pour ce dimanche : le « Saint-Honoré ».
Roi des desserts. Sommet de l’art pâtissier.
Tant les textures et les saveurs de cette merveille perdurent en même temps que j’écris ces lignes, que je suis assurée – rassurée – d’un doute en moins : je n’ai pas ce Covid dont on dit que l’un des symptômes serait l’agueusie.
C’est donc une certitude, mes papilles n’ont pas été encore bradées aux pangolins des marchés lointains.
Ce n’est encore la victoire de la sauce soja : j’économise un PCR et enrichis mon pâtissier.
C’est donc une pure œuvre d’art qu’il a fallu sabrer, entailler, pourfendre et un sublime chou tonsuré de caramel blond décapiter.
On hésite toujours à commettre ces gestes-là.
Une œuvre d’art se respecte un long moment du regard avant de passer au crime.
Mais, le pauvre Saint-Honoré, qui a donné son nom à ce délice, étant mort de mort naturelle dans son village natal, il n’y a eu aucun sacrifice mémoriel à répéter. Pour un dimanche, jour du Seigneur, c’est une facétie que de planter une lame au cœur d’un acte de foi gourmande.
L’onctuosité de la Chantilly, mêlée au sablé parfait de la pâte, la douceur de la crème pâtissière à peine perturbée par les craquements pernicieux du caramel ont prolongé leurs effets jusqu’à ces lignes.
Un miracle qui rend honneur et grâce à ce fameux Saint amiénois dont on dit, autant tout au long de sa vie que comme après son trépas, qu’il en commit beaucoup.
C’est au moment où le caramel a craqué sous mes canines que je me suis demandée s’il n’y avait pas un Palais parisien, dans une rue baptisée du nom de ce Saint, où l’on attendait, par défaut de résultats, des miracles.
Mais c’est dimanche. Un jour de repos. Il ne faut pas penser trop.
Très bon et très engageant à consommer régulièrement ! ????
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