
Véritablement, ce matin, en montant dans la rame du métro, ce fut, comment dire, un rayon d’étonnement. J’ai invoqué Sainte-Lucie pour m’assurer que ma vue était bonne. Hélas, trois fois hélas ! Oui ! Dans la catégorie des « joguingues », je n’avais jamais vu plus éclatant spécimen. Il faut dire que le revêtement du « joguingue », si on peut précisément parler de vêtement, s’est largement propagé à toutes les situations de la vie courante.
Même, ô ravissement suprême, dans les boutiques chics de l’Avenue Montaigne comme dans celle – au monogramme – de l’angle de l’Avenue du pauvre Roi George V qui, dans l’une des traductions possibles du verbe « to jog », doit en être péniblement secoué, ce morceau de tissus mou et informe, qui ne fait qu’accentuer ce qui devrait être raisonnablement dissimulé, s’affiche en figure de proue des plus grands couturiers.
– « Saint-Louis, patron des couturiers, pardonne-leur ! Ils ne savent plus ce qu’ils font. »
Le parallèle alimentaire de ce déguisement serait le « hambourger », cette sorte de sandwich – pain-viande-fromage-salade-tomate-pain – informe et prémâché, venu d’outre-Atlantique, qui infantilise les mandibules de la terre entière depuis bientôt plus d’un-quart de siècle.
Bouillie et babygro !
Tout un programme de civilisation.
Je ne préfère même pas téléphoner à Niké, cette pauvre déesse de la Victoire qui avec, ses frères et sœurs : Kratos – la puissance -, Bia – la force – et Zélos – l’ardeur -, doit être au désepoir de se voir ainsi maculée sur toute la surface de ces corps avachis avec courage devant leur smartphone.

Athlètes américains
Jeux olympiques de Berlin / 1936
Crédits : The Print Collector/Getty – Getty
Si cette pièce vestimentaire revêtait une grande noblesse, une certaine élégance sportive, sur ce magnifique athlète qu’était Jesse Owens aux Jeux de Berlin en 1936 ou marquait la vraie prouesse d’une Kathrine Switzer au marathon de Boston en 1967, elle est bien devenue la marque d’un pantouflement généralisé. Fini l’époque des « Chariots de Feu » où les athlètes défilaient pour leur pays en Haute Couture.
Cet accoutrement, toléré les jours de grand ménage, de crève carabinée, les jours fériés et les dimanches où, et belle-maman et la reine d’Angleterre se sont décommandées pour le thé, appelle à un sursaut vigoureux, à un combat généralisé pour le retour du pantalon à pince, du spencer, de la jupe fendue et des bas-couture.
L’hymne mondial pour cette matière molle, qui accentue disgracieusement les services trois-pièces et les fessiers gélatineux, a été entonné vers 1986 par un groupe de hip-hop américain, « Run DMC » et portait le titre de « My Adidas ».
La structure grammaticale de ce couplet envoie un parfait écho à l’effondrement vestimentaire que promeut le « joguingue ».
– « With a mic in hand, I cold took command »
– « Eh ben non, chéri ! Tu maîtrises plus rien du tout ! »
– « Yo ! Man ! T’as niqué le style »
– « Écoutez très cher ! Vous vous laissez aller ! »
Oh oh pas mal ce clin d’œil d’opportunité vestimentaire !!
23h37 c’est la rançon de la gloire proche !!
😊
Provenance : Courrier pour Windows 10
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