« Crapette » est une interjection.
Un cri de joie, une victoire sur une faute de l’adversaire.
C’est au jeu de carte ce que la touche est à l’escrime.
La « Crapette » est un jeu de patience en concurrence.
L’œil aux aguets, attendre la défaillance de son vis-à-vis.
Il faut prêter attention à tout, anticiper toutes les combinaisons possibles.
Et comme un chat, tapis dans les herbes hautes, surveille sa proie, bondir sans trembler sur elle.
Le délice, c’est d’observer la déroute de l’adversaire, sa stupéfaction, sa recherche de compréhension, la seconde où, par lui-même ou par la démonstration, mouvement de cartes à l’appui, il réalise la faille dans son jeu.
Ce délice de la victoire se répète depuis des semaines, voire des mois de victoires successives à peine entachées de péripéties occasionnelles, d’incompréhensibles piquettes.
Et le tirage des cartes, et la tactique sont de mon côté.
Ce n’est qu’un jeu. Ce ne sont que des cartes.
Un enfantillage.
Mais que c’est bon d’en découdre et de gagner !
La bière, elle, s’occupe de consoler.
Guillemette Callies 