
Combat, confrontation, ring, duel.
C’est ainsi que l’émission de jeudi soir nous fut présentée et que l’on a chauffé notre goût du sang dans une perspective de jeux du cirque.
Pour un peu, on aurait aimé avoir des opposants en armure ou en cuirasse rutilantes, le corps huilé, le coutelas entre les dents, le péplum tenu haut, prêts à l’assaut et, surtout, fulminant d’une rage féroce dont la vapeur de chauffe serait sortie par des naseaux dilatés.
Elle en « Wonder woman » (retouchée un peu quand même, merci !) ; lui en Lucky Lucke (qu’en aucun album on n’a vu en galante compagnie).
Au moins, cela aurait eu le panache de l’humour !
Les « ludi » de la Rome antique débutaient par des jeux scéniques.
A cet égard, les vingt premières minutes de mise en condition de l’émission politique « Vous avez la parole », programmée avec l’ambition de nous sortir un peu la tête du Covid-19 et de ses affiliés, respectèrent peu ou prou le cérémonial.
Dans l’ancien temps, les journalistes auraient usé d’un « Monsieur le Ministre ». Mais ça, c’était avant.
Quant au récipiendaire, on s’approchait plutôt de Rosco P. Coltrane que de Spartacus. « Barbie sous-anti-dépresseur » était tellement sous emprise qu’il en paraissait presque bon.
Pour le reste.
L’éventuelle ambition de faire émerger quelque chose : un constat d’urgence, un état des lieux honnête, une quelconque perspective de salut national, ne serait-ce qu’un sentiment que la gravité du sujet : « le séparatisme islamique » hausserait les duellistes à la hauteur de l’enjeu a fait chou blanc.
Un coup d’épée dans l’eau pour rester dans la métaphore guerrière.
L’une, ambitionne pour la troisième fois de briguer l’investiture suprême, l’autre, légat ad missionem, para bellum présidentiel, se sacrifie en éclaireur pour tester l’adversaire dans sa nouvelle tentative de faire illusion.
On a les combats qu’on mérite. À vaincre sans péril…, je laisse la suite à votre culture ou à votre imagination.
– « Que de vide, que de vide ! » : ça, c’est une revisite de MacMahon.
Sinon, il y a Dalida – elle a quand même aussi eu un duo avec un brun athlétique : Delon -, qui convient sans doute mieux au genre plateaux de variétés françaises qui nous a été servi :
– « Paroles, paroles, paroles, paroles, paroles
Encore des paroles que vous semez au vent »
Que de mensonges, d’approximations, d’effets de manche, de mimiques médico-psychiatriques et bimbolesques pendant ces trois quarts d’heure.
Le champ de bataille, la morne plaine jonchés d’un ou de deux cadavres ne s’est pas trouvée. Aucun des « adversaires » n’avait d’armes ou seulement même de courage pour s’aventurer sur la vraie zone de combat : celle que les Français, leurs concitoyens, leurs électeurs affrontent, désarmés pour le coup, chaque matin.
Les victimes, de ce fait, sont bien plutôt à dénombrer dans les chaumières, du moins dans celles où l’on se faisait encore quelques illusions, certainement bien plus dans les écoles, les collèges et les lycées où là, le débat est déjà décapité.
Rien à vraiment espérer.
Sous le voile et sur la toile, naviguent toujours gaiement les combattants.