
Ce sont les cors qui entament avec fringance et exaltation les premières notes de « La Marches des Troyens » d’Hector Berlioz.
Quel panache !
Redressez le buste, gainez votre corps, claquez les talons, préparez-vous, mettez-vous en ordre !
C’est à cette aune que, si vous souhaitez entrer dans notre danse, vous devrez mesurer votre effort.

Louis XIV.
« Le Roi danse » ; il a fait école, et cela fait plus de trois cents ans que cela dure.
Commencez par la révérence et le salut, ainsi, vous montrerez votre fierté d’appartenir, d’essayer d’appartenir, à notre « Grande Maison ».
Dans cette « Grande Maison » qu’est la France, malgré les Codes et les Lois, l’essentiel, le plus important, ce qui fonde notre noblesse, c’est que, concernant la véritable attitude à adopter, rien n’est écrit, tout est verbal.
Comme pour la danse, si vous espérez que votre vie soit là, si c’est ce que vous voulez, il faudra vous transformer « dès que votre pied touchera la scène ».
N’oubliez pas vos bases, ce que vous êtes, mais gommez-le un peu, par un travail assidu, un effort constant, pour tout recommencer, pour correspondre, en changeant votre façon de « danser », à notre propre façon de danser.
Pour faire partie du groupe, il faut s’assimiler ; pas à pas, de stagiaire à élève, vous ne cesserez de monter en ligne pour, sans doute, être admis, faire partie, de notre corps de ballet.
Votre âme, vous ne la perdrez pas. Ce sera quelque chose qui brille à l’intérieur de vous-même. Mais grâce à l’exigence d’assimilation, dans la tension du désir de nous rejoindre, vous quitterez tout ce qui vous soumet à la pesanteur, ce qui, par exemple, vous a conduit à quitter votre bercail, pour construire ce que vous avez décidé que sera votre vie dans la « Grande Maison » qu’est la France.
Cette discipline très sophistiquée, qui nous vient d’un autre siècle, où l’on demande tellement à chacun, que nous sommes presque seuls au monde à la requérir, permet à chacun de se sentir incorporé, d’entrer et de faire partie d’un tout.
Tous ces efforts que vous consentirez deviendront peu à peu naturels, vous les assimilerez, à force d’habitude, autant par le corps, que par la tête et par le cœur.
Gardez toujours le sourire, ne vous montrez jamais fatigué, ne prenez pas tout au premier degré, ne méprisez pas notre répertoire, nous vous accueillons déjà, vous êtes quand même déjà parmi nous.
Ce sera, finalement, avec beaucoup de noblesse, que, pas à pas vous assimilerez notre danse, que de sujet vous passerez, sans aucun doute, étoile.