
Comment naissent les ruines ?
Nous, Français, sommes au pied d’un arc-en-ciel.
Toute l’histoire de l’Occident s’inscrit dans nos pierres, dans nos ouvrages d’art, dans nos chemins.
La France est couverte de merveilles.
Nous pourrions, du Nord au Sud, d’Est en Ouest, de Belfort à Fort-de-France, de Saint-Pierre-et-Miquelon à Papeete en passant par Saint-Denis, Matā’utu et Nouméa, laisser glisser nos mains, sans pause, sur ses murs rugueux et y sentir l’Histoire du Monde.
La France est un pays où, aussi, le soleil ne se couche jamais.
Comment naissent les ruines ?
Elles naissent de l’abandon, du désintérêt, d’abord superficiel, puis abyssal, des Hommes pour ce qu’ils ont chéri.
Parfois, cette rupture est provoquée par des crises, des révolutions. D’autres fois, ce sont les progrès matériels qui en invalident l’usage.
Souvent, c’est la cupidité, petite sœur de l’ignorance et compagne de l’arrogance, qui voue ces merveilles à un cruel silence, même après qu’elles aient abrité des générations de vies ordinaires autant qu’extraordinaires.
La petite autant que la grande Histoire.
Aujourd’hui, la France se couvre de châteaux endormis.
Malgré l’énergie, la créativité, la pugnacité et l’amour de centaines de propriétaires et de directeurs d’établissement, par forfait, notre patrimoine, verrouillé, se meurt.
Sans ressources, donc sans entretien, il s’effrite et périt.
Ce sera ainsi que, faute d’un sursaut immédiat, dans quelques temps, on expliquera aux enfants que c’est de cette indifférence que sont nées les ruines.