
Franchement, cela s’appelle retomber en enfance. Ou peut-être, rester sous influence marketing.
De temps à autre, l’envie revient, au hasard des rayons de supermarché.
Voir le paquet, suscite l’envie. Il rappelle un bon souvenir, le calme d’un petit-déjeuner d’enfant qui n’a d’autre souci que de faire plaisir à Maman en ne partant pas le ventre vide pour bien travailler en classe et pouvoir courir à la récré.
Ça, c’est pour l’enfance.
Après, il y a l’influence.
Un refrain amusant qui revient chanter sous la calotte crânienne. C’est l’effet « pub ».
Les mains sur le caddie, on repasse les images et le son, comme une télé qu’on allume : « The Crispness Chorus »
Et les trois petits personnages : « Snap », le mitron ; « Crackle », le lutin ; « Pop », le petit soldat.
Il y une véritable histoire publicitaire derrière ces dessins, dont la plupart des auteurs n’ont laissé leur nom ni dans la liturgie marketing ni dans les archives de la maison Kellogg’s.

Bref, le sujet, depuis l’avènement du paquet sur la table du petit déjeuner, a été et est toujours de savoir, de vérifier ce que promet le petit hymne jazzy :
– « Snap ! What a happy sound ! »
– « It’s Crackle the crispy sound ! »
– « Pop make you pop around ! »
– « Snap, Crackle and Pop make the world go round ! »
Est-ce que lorsque l’on verse le lait, les petites bulles de riz se transforment en sujets miniatures dansant dans le bol, sautant sur la table pour égayer le réveil et faire que le monde tourne rond ?
En versant méticuleusement le liquide lacté, on penche l’oreille près des flocons et, effectivement, ça crépite dans tous les sens.
Malgré l’effervescence du contact des matières entre-elles, rien n’apparaît, le son paraît bien fade.
C’est une déception.
Mais Maman l’a dit :
– « Tu l’as voulu ! Maintenant, il faut finir le paquet. »
C’est là que toute la pauvreté gustative se révèle, comme ce n’est pas magique, ce n’est plus très bon.
Ça va être long à finir comme une endive au jambon.
À échéance régulière, depuis des années, on retente l’affaire. Ça ne vient pas. La magie oublie toujours le rendez-vous.
Mais l’enfance reste, le temps d’une coulée de lait et d’une cuillère, on espère que le miracle va se produire.
Et le temps de la réminiscence d’une autre antienne :
– « Maintenant, il faut finir le paquet. »
C’est sûr ! Faut pas gâcher les souvenirs ! Faut les savourer jusqu’au bout !